Si c'était un film, on l'intitulerait : "La justice, entre le crime et la politique". L'affaire des Biens Mal Acquis va mettre la France dans une situation cornélienne. Si le 9 novembre 2010, la cour de cassation donne raison au ministère public contre les associations et les parties civiles, elle s'inclinera devant la politique et le monde entier comprendra que la France n'est pas une démocratie dans laquelle la justice serait indépendante et qu'en fait, les dictateurs peuvent en imposer dans ce pays où le chef de l'Etat s'insurgeait hier en tant que candidat contre des réseaux et des comportements d'un autre âge. Nous verrons si la justice est vraiment indépendante dans ce pays ou si elle est une catin des hommes politiques. Il s'agit en amont de peuples floués, d'argent détourné qui aurait pu sauver des vies ! Si la Cour de cassation choisit de suivre le ministère public qui s'oppose à une telle enquête, les dictateurs peuvent continuer à s'acheter impunément des biens en France. Après tout, ce sont des miettes que TOTAL laisse qui reviennent en France ! Ce détournement de l'argent public africain sert les intérêts de la France. C'est comme si un chien faisait cadeau de l'os que le maître lui a donné ... au maître qui apprécie l'os à moelle !
Il s'agit de 160 millions d'euros en patrimoine immobilier de trois chefs d'Etat : le défunt Omar Bongo, Denis Sassou alias Nguesso et Téodoro Obiang Nguema de la Guinée équatoriale. C'est que l'affaire risque d'avoir des incidences diplomatiques et surtout représenter un précédent qu'on pourrait étendre ailleurs : Espagne, Etats-Unis, etc..
La Cour de cassation dira le 9 novembre si un juge français a le droit ou non d'enquêter sur l'affaire dite des "biens mal acquis", concernant le patrimoine en France des présidents du Gabon, du Congo et de Guinée équatoriale et de leur entourage.
C'est sans surprise que le ministère public s'est opposé mardi, lors de l'audience devant la chambre criminelle de la Cour de cassation, à la tenue d'une telle enquête.
En mars 2007, l'ONG Transparence International (TI), spécialisée dans la lutte contre la corruption, avait déposé plainte contre les conditions d'acquisition d'un important patrimoine immobilier et mobilier en France par trois chefs d'Etat africains - Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema de Guinée équatoriale et le défunt chef d'Etat gabonais Omar Bongo Ondimda, et certains de leurs proches.
D'après l'ONG, le patrimoine immobilier des trois chefs d'Etat en France s'élèverait à 160 millions d'euros. Le clan Bongo possèderait à lui seul une trentaine de luxueux appartements ou maisons.
Le parquet avait pourtant classé l'affaire après une enquête approfondie. Transparency international déposa alors une seconde plainte avec partie civile pour contourner le parquet et saisir directement un juge d'instruction. Mai 2009, une juge du pôle financier ordonna l'ouverture d'une enquête. Le parquet fit appel de cette décision, estimant que le plaignant n'avait aucun intérêt dans l'affaire ! Le 29 octobre 2009, la cour d'appel donna raison au ministère public ; ce qui accula Transparency International à se pourvoir en cassation.
C'est que la justice même française n'est pas si juste que ça : selon l'article 435-6 du code pénal, les poursuites ne peuvent, dans le cas de la corruption qu'être engagées par le ministère public". Or, ici, ce n'est pas de corruption qu'il s'agit mais de détournement du denier public et on voit mal pourquoi on parle de corruption.
La France parle d'"affaire sensible sur le plan diplomatique". C'est dire que la justice doit s'oublier quand la diplomatie est en jeu. Aurait-elle peur que ses intérêts soient menacés au Congo, au Gabon ou en Guinée Equatoriale ? Ce ne serait pas la première fois que la justice, au nom de l'argent roi, s'inclinerait pour laisser les criminels triompher. C'est une bataille de valeurs : la justice contre le crime et si le crime l'emporte, le message voudra dire que la Franche n'a rien à faire des peuples africains qui souffrent par la faute des dictateurs qu'elle soutient pour continuer à bénéficier de matières premières à vil prix. Ce qui est encore en jeu, c'est même notre humanité dont la France a porté porté les valeurs universelles qu'elle va peut-être jeter aux orties le 9 novembre 2010.
Si le ministère public l'emporte et il y a des fortes chances que ce soit le cas, la France se trahira dans son for intérieur, dans son âme profonde mais ce qui est en jeu ce ne sont que des nations nègres, des millions de vies noires, des millions d'esclaves et cela importe peu qu'on les désavoue car les principes proclament la justice et le droit mais elle oublie d'ajouter que c'est toujours le droit des forts et des riches, le droit des puissants. Or, aussi vassaux puissent-ils être, les chefs d'Etat africains ne sont pas dépourvus de pouvoir de décision ; pour preuve, la part belle qu'ils consentent à la Chine au détriment de la France et de l'Europe.
La blatte ne peut porter plainte contre le poussin apurès du coq. L'Afrique doit se libérer seule car la logique du maître et de l'esclave veut que le maître ne rompe jamais la relation qui le maintient en vie. En fait, le maître est en quelque sorte esclave de son propre esclave. C'est un cas de parasitisme social et la relation ne peut disparaître qu'avec la mort de l'esclave parasité. Quand l'Afrique n'aura plus rien à offrir, quand elle aura tout donné, quand on l'aura saigné jusqu'à la moelle, quand on l'aura sucé jusqu'à la peau, alors le maître pourra dénouer son étau. Il y a ceux qui disent : "Ils sont nos esclaves. Dieu leur a donné une forme humaine car il n'a pas voulu que les VRAIS HOMMES soient servis par des animaux (goyim). Il a mis l'esclave là où il y avait les richesses pour qu'il serve au mieux le maître."
Ceux qui évoquent l'arrêt de 1906 qui stipule : " face à l'inertie du ministère public, il n'y a pas d'autre solution que de permettre à des groupements, eu égard à leur objet, de se constituer partie civile pour mettre en mouvement l'action publique" ont-ils la moindre chance de l'emporter contre un Etat qui vient de voter une loi des retraites que son propre peuple désapprouve ? Si la France était une démocratie pleine, on aurait eu droit dans le cas des retraites à un referendum.
La justice ! Qui en fixe la mesure ? Quel en est l'étalon ? Qui instaure le droit ? Est-ce le peuple ou le roi ? N'a-t-il pas intérêt à se favoriser lui-même, celui qui fait la loi et qu'on appelle magistrat suprême ? Comment la justice peut-elle être juste si nous vivons dans un monde stratifié, hiérarchisé ? En Irak, les militaires américains ne peuvent répondre à la justice irakienne - même en cas de crime odieux ! Il y a en fait, plusieurs justices : la justice dont on parle souvent vise à tenir le faible, l'exploité, le servile, pour qu'il ne se rebelle pas et ne perturbe pas l'ordre établi. Il y a la justice des forts et des puissants ; elle a pour prénom l'impunité ! L'affaire Bettencourt-Woerth en est un exemple flagrant. Le riche a toujours raison et ceux qui défendent la richesse font la loi. La loi a un grave problème de balance. Quand l'homme joue à la balance, son jugement est souvent bancal en faveur de gros intérêts. Nous concluons en disant : la justice se pervertit en face de gros intérêts et dans le cas des Biens Mal Acquis, c'est exactement cela. Transparency International n'a qu'une toute petite chance autant qu'il reste d'humanité dans la justice des hommes...