Les institutions internationales s'appuient sur le droit international, celui-là même qui garantit aux chefs d'Etat africains une sorte d'impunité parce que non poursuivables pendant l'exercice de leur mandat et, pour avoir l'impunité absolue, il leur suffit de rester au pouvoir jusqu'à leur mort. Certes les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles mais comment juger un mort ? La mort est en soi au plan physique le dernier des jugements. Dans le cas des Biens Mal Aquis, si les délits sont confirmés, il serait souhaitable de ne restituer les Biens Mal Acquis et l'argent détourné que si les gouvernements ont changé de main et que la démocratie ait vraiment progressé dans ces pays sinon cela correspondrait à restituer aux voleurs le butin volé.
Quand on regarde fonctionner les institutions internationales, on constate des aberrations garanties par le droit international comme l'existence du dollar qui ne tient plus sa valeur de l'or - de sorte que les Banques Centrales fabriquent de l'argent papier sur la base de rien, du néant. L'OMC asphyxie les pays en voie de développement en privilégiant les puissances industrielles en matière de commerce international.
Hélas, là où le droit international pèche le plus, c'est en matière d'argent car les monnaies traduisent un rapport de force et ceux qui ont la maîtrise de leur monnaie peuvent faire jouer la planche à billet quitte à dévaluer la monnaie ; ce qui favorise les exportations. Nous savons que pour un pays comme le Congo, la question de la dévaluation de sa monnaie dépend de la France, l'ancienne et toujours puissance coloniale.
La question de la monnaie est d'autant plus importante pour nous que la France continue à contrôler toutes les richesses qui sont produites dans ses anciennes colonies au travers du franc cfa (Colonies Françaises d'Afrique). Le droit international aurait dû prévoir qu'une ancienne puissance coloniale ne devrait pas contrôler les monnaies de ses anciennes colonies, les privant ainsi de leur liberté monétaire car il y va de l'indépendance globale de celles-ci et le colonialisme monétaire doit d'autant être combattu que la France prend la moitié de nos richesses dans des comptes d'opération qui ne sont pas justifiés. Les Banques Centrales africaines d'anciennes colonies françaises ne sont pas libres car la France dispose d'un droit de veto. Ce qui nous amène à minimiser la riposte du clan Sassou&Nguesso en rétorsion aux Biens Mal Acquis. Qu'importe à la France que ses anciennes colonies commercent avec qui elles veulent si au final elle prendra la moitié des revenus dans des comptes d'opérations ? Imaginez que la Chine consente un prêt financier de 100 millions de dollars à un Etat X, ancienne colonie française soumise au franc cfa et que pour des raisons de convertibilité, l'argent soit versé à la Banque de France qui n'en reverse que la moitié à la BEAC (Banque des Etats de l'Afrique Centrale) qui le donnera ensuite à cet Etat. Qu'on s'en souvienne : la France a bloqué l'argent du Congo sous Lissouba et ce dernier a dû faire intervenir les Américains pour s'en sortir. La colonisation créa un processus pour enrichir les pays colonisateurs et si après proclamation des indépendances, on constate, qu'un tel mécanisme existe toujours, on peut en déduire que la colonisation continue. Le droit international laisse des pays continuer à se faire plumer par leurs ex-toujours colonisateurs...
Il faut aussi revoir la question de bases militaires d'anciennes puissances dans leurs ex-colonies : il y va de l'indépendance militaire de ces pays. Un pays est indépendant s'il dispose de la souveraineté politique territoriale, de la souveraineté monétaire, de la souveraineté juridique, de la souveraineté économique et de la souveraineté internationale. C'est en examinant chaque élément composant la souveraineté que vous pouvez dire que tel ou tel pays est encore sous domination étrangère. Il n'est pas normal que le ministère des finances du Congo vienne prendre des ordres en France, par exemple. C'est la preuve que votre souveraineté économique, voire votre souveraineté juridique, est mise à mal et comment pouvez-vous vous prévaloir d'une souveraineté sans souveraineté monétaire ?
Au niveau de l'ONU, on se rend compte que les grandes nations comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la France, l'Angleterre disposent d'un droit de veto qui est totalement injustifié ; ce qui fait que toutes les décisions qui se prennent dans cette institution doivent d'abord défendre les intérêts de ces puissances mondiales et on notera que l'Afrique, tout un continent, ne possède pas un seul membre permanent à l'ONU. Il est donc facile à une grande puissance de défendre un allié en pleine violation du droit international ; je ne vous citerai que le cas des Etats-Unis qui protègent Israël de sorte que ce pays n'a jamais respecté une seule résolution de l'ONU. Nous constatons par exemple que l'ONU est incapable d'empêcher ou d'arrêter les conflits - notamment sur le continent africain où ils sont les plus nombreux et les plus meurtriers.
Nous voyons le climat se détériorer et les premiers à en faire les frais sont les Africains. A ce niveau, les institutions internationales sont incapables de prendre les décisions qui s'imposent pour arrêter la détérioration du climat. Un seul exemple : Copenhague. Il faut noter que ce sont les Occidentaux qui ont détruit nos forêts pendant des dizaines voire des centaines d'années avant que les Asiatiques (Chinois, Malaysiens, etc) ne prennent la relève.
Nous déplorons aussi l'acceptation de gouvernements dictatoriaux par les puissances occidentales qui ne font rien pour aider l'Afrique à accéder à une véritable démocratie comme si elles poursuivaient l'esclavage du continent noir autrement. En favorisant des dictateurs, on rend un pays perméable à tous les appétits capitalistes et les dictateurs n'ayant pas la légitimité suffisante, passent leur temps à détourner le denier public et à vendre au sens matériel leurs nations aux étrangers.
Nous assistons actuellement en direct à la colonisation d'une grande partie de l'Afrique par la Chine, une colonisation monétaire au travers de la coopération. Dans Trente ans, la Chine aura transformé toute l'Afrique centrale en désert. Il faudra bien que les Chinois récupèrent au centuple les milliards de dollars qu'ils investissent en Afrique ! Comment protéger dans ces conditions les forêts du bassin du Congo ou du bassin de l'Amazone ? Il y a d'un côté le principe de non-ingérence qui valide même les régimes dictatoriaux en leur garantissant de ne pas se mêler de leurs affaires - même quand le sort de toute la planète est en jeu et de l'autre le droit international qui fait le jeu des puissances du monde. Qui peut empêcher les Chinois de détruire toutes les forêts du bassin du Congo ? Certainement pas l'ONU où la Chine possède un droit de veto !
Les institutions internationales fonctionnent mal car le droit international est bancal et ne correspond pas à un certain idéal de salut planétaire et de respect des droits de l'homme. Nous devons donc réformer et le droit international et les institutions internationales qui sont amenées à l'appliquer - si nous voulons sauver le monde car dans une trentaine d'années, on aura épuisé les ressources de la mer, on aura détruit les forêts, déglingué le climat et voué à la famine tout un continent qui aura perdu la grande partie de ses terres fertiles en devenant un désert.
Nos institutions internationales ne peuvent pas réussir tant que la logique capitaliste sera la logique dominante et que la force sera au coeur des rapports humains au premier plan, devançant de loin le droit. Quand l'Afrique sera confrontée à la famine, il y aura une recrudescence des guerres et l'Occident risque d'ouvrir une brèche pour occuper à nouveau ce continent.
Nous sommes au XXIème siècle. C'est bien beau de croire que les choses peuvent changer par le simple fait de rotations terrestres autour du soleil mais si nous ne faisons rien, un jour, la terre redeviendra une planète morte par la faute de l'homme. Vous en doutez ? Nous nous y précipitons à vive allure !
Actuellement, la tendance est au regroupement en Europe ou en Asie. Seule l'Afrique n'a pas encore compris qu'il lui faut de nouvelles institutions plus à même de défendre avec force le continent le plus exposé aux appétits du capitalisme dont la fièvre a atteint la Chine qui ne tardera pas à devenir la première puissance mondiale. La Chine, une nation non démocratique finira par dominer le monde un jour et à ce moment-là, on se rendra compte que le droit international ne pourra pas protéger le monde de la volonté des Chinois à amasser des richesses, quitte à détruire toute la planète. Le désert est déjà à la porte des grandes villes chinoises.
L'Afrique finira par prendre le chemin des Etats-Unis d'Afrique comme une nécessité. Les réponses au niveau international se donnent en forme de grands ensembles, de blocs. l'Europe et les grandes puissances n'encourageront jamais l'Afrique à devenir un continent uni tourné vers lui-même car il y va de la survie des nations occidentales. C'est donc sur nous-mêmes qu'il faudra compter et comment faire si nos nations ne sont pas démocratiques ? La démocratie au niveau national reste le passage obligé pour aller vers les Etats-Unis d'Afrique qui amèneront l'indépendance monétaire, voire l'indépendance tout court.
Il est difficile de réformer un gros ensemble en même temps. L'astuce consisterait à en réformer les parties et ici, les parties renvoient aux continents. Cette réforme doit, bien entendu, tenir compte des différences culturelles car le monde n'est par culturellement monolithique. Cependant, on ne peut rien faire au niveau continental si au niveau national, les pays ne sont pas en phase les uns avec les autres. L'Afrique devra changer au niveau des nations avant de changer au niveau continental ; elle y est condamnée si elle ne veut pas disparaître car en matière de rapport de force, elle n'aura le poids d'un continent que si elle devient une institution continentale respectable à l'image de l'Union Européenne...
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