Un jour, il faudra que les philosophes réfléchissent sur le lien qui existe entre intérêts et droits de l'homme. En effet, nous avons souvent l'impression que les droits de l'homme s'arrêtent là où commencent les intérêts économiques - surtout quand il s'agit des peuples sous-développés vivant sous les Tropiques de l'enfer.
Dans un article, nous avons attiré l'attention de la communauté internationale sur la nécessité d'apporter une assistance militaire à la rébellion. Les Occidentaux, comme à l'accoutumée, ont tergiversé en prenant le temps de philosopher sur les angles et les rondeurs du droit international - ce qui a permis à Kadhafi de réconquérir des villes, s'approchant dangereusement de Benghazi, la ville symbole de la rébellion lybienne contre la dictature du clan. Les insurgés ont pourtant averti de l'impact que la chute de Benghazi pourrait signifier aux yeux des autres dictateurs comme Denis Sassou Nguesso : il suffirait de mâter les revendications démocratiques à coups de bombardements aériens et de canons pour mettre fin à l'élan libertaire des peuples.
Le monde dit civilisé aime donner des leçons à ceux qui vivent sous le poids de la dictature mais quand il s'agit d'agir pour soutenir les peuples, on passe du temps dans les curies feutrées de l'ONU - alors qu'on doit agir vite. Nous avions bien souligné le fait que c'était les Occidentaux qui avaient vendu des armes à Kadhafi. Ils avaient donc l'obligation d'équilibre ayant favorisé le mal. Si ce soir la résolution de l'ONU n'est pas adoptée, demain, il sera peut-être trop tard puisque une option terrestre n'est pas à l'ordre du jour.
Au fil de l'avancée de l'histoire, nous constatons toujours le ridicule du principe du veto qui doit disparaître car le veto peut pencher pour le maintien d'une injustice sociale. Les révolutions populaires doivent être protégées par un droit nouveau que nous avons dénommé : Droit d'Ingérence Démocratique Internationale Transitoire. Si ce droit venait à voir le jour, se sentant protégés, tous les peuples de la terre prendraient résolument la décision de pourfendre toutes les dictatures qui les oppressent. Tout est fait pour protéger les dictateurs pendant leur exercice du pouvoir avec un droit à l'impunité que nous avons toujours du mal à comprendre : un criminel reste un criminel et le fait qu'il soit perché au sommet du gangstérisme politique ne change rien.
Le Conseil de Sécurité de l'ONU vient de voter une résolution autorisant le recours à la force contre le régime de Mouammar Kadhafi. Cela devrait rassurer les Congolais quant à la révolution aux épines sur laquelle nous travaillons pour faire tomber cette dictature des crocodiles de l'Alima : si vous vous rébellez contre le pouvoir de Denis Sassou Nguesso, vous gagnerez le droit d'être un peuple et peu importe que nos frères du nord n'adhèrent pas au mouvement.
Il est temps d'écrire une autre histoire internationale qui protège plus les peuples que les dictateurs car le droit de non-ingérence est criminel quand il s'assimile à de la non-assistance à peuple en danger. Nous savons tous que l'ingérence humanitaire n'est pas suffisante puisque les maux qu'elle soulage sont provoqués par des dictatures et au lieu d'agir sur les effets, il vaut mieux agir sur les causes et la dictature en est la prinicipale. Il est évident que tous les peuples ont droit à plus de démocratie - à plus de droits en matière de redistribution des richesses nationales.