Il est des actions comme l'assassinat d'un ressortissant qui engagent l'honneur d'un pays à la face du monde et il est des réactions qui rétablissent la dignité de celui-ci comme le fait de lui pourvoir un avocat pour sa défense. Quand un citoyen français est arrêté ou en danger quelque part, vous pouvez être sûrs que la France réagira et fera tout son possible pour le sortir de la tourmente. Nous le voyons lors de troubles en Afrique : la France ne manque jamais une occasion pour évacuer ses citoyens. Pourquoi ? Il y va de son honneur, des attentes de son peuple, du devoir d'une nation à secourir le moindre de ses citoyens.
Nous avons perdu un compatriote, Eugène Boussoukou, mort à quarante-quatre ans (le constat remonte au 10 mars 2013 et l'acte de décès établi par le médecin légiste estime qu'il serait mort vingt-et-un jours plus tôt), lâchement assassiné pour avoir fait oeuvre de bonté et de générosité face à son semblable, un homme qui n'avait pas d'endroit où dormir au pays des droits de l'homme. Se posaient deux problèmes : rapatrier le corps pour que son âme repose en paix en terre de son Congo natal et lui trouver un ou des avocats pour assurer sa défense.
Depuis le passage de madame Edith Itoua à Lyon au mois de juin et notre interpellation à ce sujet, les choses sont allées plus vite : ce 06 juillet 2013, nous nous recueillerons pour la dernière fois devant la dépouille de notre frère et nous vous annonçons que le consul honoraire Pacome Mombondé du Congo en France près l'ambassade du Congo en France accompagné de son conseiller juridique sont venus remédier au défaut d'un avocat du côté de la victime pendant que son bourreau en possède déjà trois. Ils ont consacré la journée à cette mission. Un avocat est entré en contact ave le juge qui instruit l'affaire aujourd'hui avec mission de défendre le défunt.
Dans cette affaire, il y va de la dignité du Congo à défendre un de ses fils lâchement assassiné et il faut ajouter une touche de race : il fallait éviter que l'on se dise que les Noirs n'étaient même pas capables de défendre l'un des leurs lorsqu'il avait était gratuitement tué.
Historiquement, sur le plan du contact entre les nations, entre les peuples, les Noirs ont toujours eu des rapports complexes avec le principe de dignité : esclavage, colonisation, ségrégation, il a souvent fallu du temps, trop de temps pour qu'on sorte la tête hors de la boue de l'humiliation. En effet, lorsque quelqu'un se permet de prendre une vie juste pour le plaisir ou sans raison apparente, qui plus est - une vie humaine, il y abaissement de l'homme à l'animalité, à l'infériorité car son semblable lorsqu'on le respecte, on le traite comme soi-même.
Bref, nous avons apprécié l'action quoique tardive du consul honoraire Pacome Mombondé et de son conseiller juridique Alékaba et nous tenions à le dire. Il nous faut multiplier les occasions d'être fier de notre pays. N'est-ce pas ainsi qu'un petit pays devient grand ? La grandeur, nous n'avons jamais cessé de le clamer, est la norme qui permet de mesurer le degré de sublimation qu'une société accorde à la vie humaine en ne la laissant pas vivre dans l'indignité, dans l'ignoble.