Un bon analyste doit prévoir les événements futurs. En ce qui concerne la Côte d'Ivoire et sa bicéphalie gouvernementale, nous avons prédit qu'il arriverait un moment où fatigué de règner sur un hôtel, le gouvernement Ouattara sortirait pour aller à la conquête des institutions qui incarnent le pouvoir. Vous n'avez qu'à lire nos archives récentes sur la Côte d'Ivoire. Et c'est à ce moment, que le compte à rebours critique sera lancé. Ouattara envoie d'abord des ballons d'essai aujourd'hui avec le directeur de la radio et demain avec son premier minstre qui marchera jusqu'à la primature. Il ne sortira qu'en dernier ressort lorsque la situation sera totalement pacifiée. Hélas, ce n'est pas demain la veille, l'armée ivoirienne ayant pris le parti de défendre le président élu par le Conseil constitutionnel. Il peut y avoir des surprises mais il semble que dans caca ivoirien, on trouve forcément du cacao... L'attiéké rend têtu et durcit la moindre merde !
Il est évident que le camp Gbagbo ne laissera pas ce plan se dérouler sans embûches. Gbagbo a déjà prévenu que tout ce qui risque d'arriver sera de la faute du représentant de l'ONU dont les forces promettraient à présent de se mêler d'une affaire qui ne les regarde pas - en cas de conflit. C'est le problème de l'Afrique que de ne même pas avoir une souveraineté militaire totale sur son sol. En effet, en Côte d'Ivoire, en plus des soldats de l'ONU qui sont évidemment pour le président soutenu par cette institution, il y a une base militaire française. Or, nous savons qui soutient Ouattara : l'homme qui l'a marié à Neuilly et qui préside désormais la destinée de la France ! Et l'équation militaire se densifie avec l'entrée en scène des forces rebelles qui vont accompagner Soro demain lors de sa marche souveraine. Il y aura donc des armes dans la foule et personne ne peut dire d'où partira le premier coup de feu... Le processus ivoirien pourrait se décrire comme suit dans le français local ivoirien qui a son propre dictionnaire : " provoquement, énervement, tiraillements, soulèvement, bordellement..."
Ouattara espère que des soldats ou de l'ONU ou des forces rebelles tombent pour que le soutien diplomatique se transforme en soutien militaire de sorte que la communauté internationale l'installe confortablement sur le fauteuil de président. Tout conflit gâcherait l'image de Laurent Gbagbo et fragiliserait encore un peu plus son pouvoir. Nous avons des rumeurs que des frontières poreuses du nord ivoirien entrent des tonnes d'armes en prévision de l'assaut final car cette fois-ci, les forces rebelles ont le droit d'entrer à Abidjan soutenues probablement par des forces étrangères pour déloger Gbagbo de son fauteuil présidentiel. Il ne reste plus que le prétexte que Gbagbo risque de leur donner sous peu. Quand déballement de sauce-graine et d'attiéké est sur assiette, quelle que soit l'odeur, quand on a faim, il faut manger. La Côte d'Ivoire est passée en mode cocotte-minute et les quarante-huit heures qui suivent seront décisives. La confrontation semble inévitable. Sauf si une des prétentions désiste mais pour le moment, les choses n'en prennent pas le chemin.
La stratégie du pourrissement faisait l'affaire de Laurent Gbagbo. Ouattara l'a compris qui désormais opte pour le clash institutionnel, certain d'être soutenu par la communauté internationale. Cependant, comme le disait une pancarte lors d'une marche : "La côte d'Ivoire n'est pas le Congo" et nul ne peut deviner à l'avance dans quelle sauce sera mangé le caïman braisé...