Lorsque Mwangou m'apprend que les étudiants de première année à l'université Marien Ngouabi ne perçoivent pas de bourse, une situation rarissime dans le monde universitaire, j'accuse Denis Sassou Nguesso de vouloir détruire l'université et de caresser l'idée de la baisse du niveau d'instruction dans tout le pays afin d'annihiler la contestation politique : lorsqu'il n'existe qu'une seule université dans le pays, avec des étudiants qui viennent de tout le pays, sans soutien à Brazzaville, une ville où la vie est chère, dans laquelle ils doivent prendre le bus avec en plus le problème des demi-terrains - pour se déplacer, il faut être super motivé pour résister pendant une année dans ces conditions et, surtout, passer en année supérieure pour enfin bénéficier de la bourse.
Non, monsieur Denis Sassou Nguesso, un homme d'Etat qui n'a pas perdu tout son kimuntu-bomoto n'agit pas de la sorte : si vous voulez faire des économies significatives dans le budget de l'Etat, faites-les ailleurs, pas sur des pauvres étudiants de première année, par exemple sur vos voyages à l'étranger, les salaires des ministres, des députés et sénateurs, les différents dons à l'étranger (quand on donne de l'argent à des organismes ou à des pays étrangers comme des voitures achetées au gouvernement de Centrafrique, on doit être capable de donner une bourse aux étudiants de première année). Ils doivent se loger, manger, se déplacer et je me demande si j'aurais pu m'en sortir si à mon époque nous ne recevions pas la bourse en première année universitaire : même lorsqu'on trouve un petit soutien familial, amical ou clanique, il ne dure pas plus de deux ou trois mois...
Comment peut-on se concentrer sur ses études lorsqu'on n'a pas mangé ou qu'on a marché pendant des heures pour se rendre à l'université ? Toute politique est délibérée et bien pensée dans les conséquences qu'elle produit. Monsieur Denis Sassou Nguesso : une telle décision aussi maladroite soit-elle poursuit un objectif et ce dernier ne peut être que malsain. L'objectif poursuivi par votre gouvernement ne peut être que la réduction du nombre d'étudiants et la dégradation du niveau global de la qualité du savoir et comment espérez-vous avec une telle politique faire du Congo un pays émergent d'ici à 2025 ?
Comme ça vous voulez construire une université au nord ? Comment feront les étudiants de première année pour s'acheter une moustiquaire ? comment feront-ils pour manger ? Vont-ils cultiver des patates tout en allant à l'université ? Ou seront-ils tous du nord et recevront-ils une bourse à ce titre particulier (on vous sait capable d'une telle ignominie) ?
Nous avons été parmi les premiers à proposer l'idée de la création de pôles universitaires totalement centrés sur l'environnement et les besoins du pays : on devrait avoir une université dans le Kouilou pour étudier et exploiter les ressources de l'océan qui sont énormes, la pétrochimie, la pisciculture, la sauvegarde de l'environnement marin, etc. Au nord, elle serait orientée préservation et exploitation des ressources de la forêt tropicale et de l'hydrographie (faune, flore). Nous envisageons une université centrée sur l'architecture et les travaux publics pour éviter d'être tout le temps dépendants des Chinois ; l'exploitation et la transformation totales de notre bois sur place peut aller dans le sens de l'amélioration des conditions d'habitation (châlets ou autres constructions de qualité). Nous pouvons nous-mêmes construire nos routes, nos barrages, nos palais et villas parce que nous y aurons mis les investissements nécessaires.
En France, chaque ville possède une ou plusieurs universités sans compter les instituts, les écoles d'ingénieurs. Pour ne prendre que l'exemple de la pharmacopée, elle gagnerait à travailler sur l'énorme potentiel de notre flore tropicale très riche avec de nombreuses essences encore inconnues.
Nous avons énuméré le nombre de quatre à cinq pôles universitaires à des endroits stratégiques - de sorte à éviter le déplacement des étudiants ou à les minimiser - en plus de l'université Marien Ngouabi qui doit être totalement réhabilitée - comme cette faculté des sciences qui a été laissée à l'abandon au point de devenir une antre de voyous. Parmi ces pôles, le gouvernement doit mettre en place un pôle NTIC mais cela ne peut se faire sans la stabilisation des conditions énergétiques et l'installation de la fibre optique dans tout le pays. On pourrait ainsi informatiser l'état civil, les décès, l'armée, et simplifier les opérations de contrôle au niveau de l'Etat et la fonction publique, etc.
Une telle décision de ne pas octroyer la bourse aux étudiants de première année provoque l'abandon de plusieurs étudiants et ceux qui redoublent à cause de la dureté des conditions de vie peuvent abandonner au bout de deux ans à cause de la pénibilité de telles conditions d'études.
Nous demandons aux étudiants congolais de se révolter face à une telle situation. Il faut que ce message soit diffusé dans les milieux universitaires afin que les étudiants réclament la bourse dès la première année (j'ai appris qu'un certain journal reprenait mes articles ; je lui demande de diffuser cet article dans les milieux étudiants) : elle ne coûtera pas grand' chose au budget de l'Etat qui ne cesse d'augmenter. La bourse pourrait coûter 3 à 6 milliards de francs cfa par an et c'est tout à fait envisageable parce que nous avons des surliquidités et que le budget de l'Etat le permet. Et il ne faut pas oublier que celle-ci booste l'économie parce que les étudiants sont des consommateurs comme les autres.
Avec l'économie faite sur les bourses toutes ces années, le pouvoir peut construire un campus qui peut loger TOUS les étudiants et leur offrir gratuitement des repas.
Je suis profondément choqué, outré d'apprendre une telle chose. Monsieur Denis Sassou Nguesso, en plus d'être criminelle, méchante et gratuite, une telle décision politique est une violation des droits de l'homme et un crime contre l'humanité, contre la nation et contre le savoir. Vous affaiblissez nos étudiants, vous abaissez leur niveau d'instruction et vous dégradez notre université, en les affamant, en les exposant à des conditions peu propices à l'étude. Rien qu'une telle décision mérite que les jeunes du pays se soulèvent, se révoltent - parce que c'est très grave !
J'ignorais tout de cette situation sinon je l'aurais dénoncé plus tôt. A la mauvaise qualité de l'enseignement universitaire s'ajoutent les mauvaises conditions de vie des étudiants. Combien d'étudiants brillants ont dû se décourager à cause des difficultés engendrées par cette privation de bourse ? Nous souhaitons obtenir des statistiques d'abandon d'études pour démontrer le caractère nuisible d'une telle politique. Ce n'est pas parce que monsieur Denis Sassou Nguesso n'a jamais été étudiant ou n'a jamais fait d'études qu'l doit ainsi punir les étudiants du pays !
Je suis choqué par une telle politique attentatoire au savoir, qui bouleverse l'avenir des fils du Congo, une politique nuisible qui devrait soulever les étudiants du Congo. C'est inacceptable et inadmissible de ne pas tenir compte des conséquences dramatiques d'une telle décision universiticide...