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Eric Woerth, qui s’explique sur RTL ce dimanche, a reconnu la justesse de l’information de Bakchich sur l’existence d’une enquête fiscale sur François Marie Banier. Mais le ministre a menti sur les dates.
Jeudi matin, Bakchich révélait que le photographe et protégé de Liliane Bettencourt, François-Marie Banier, figurait sur la liste des deux cent contribuables français qui possédaient un compte au Liechtenstein.
Une enquête fouillée avait été déclenchée, dès le début 2008, par le ministère des Finances sur les avoirs de Banier. Et fatalement, rappelait Bakchich, les fins limiers du fisc sont tombés sur les petits arrangements au Liechtenstein entre le photographe et la milliardaire.
La date de novembre 2007 est essentielle. C’est à cette date en effet que les services fiscaux prennent possession de la liste des deux cents contribuables français « touristes fiscaux » au Liechtenstein, dont Banier. C’est aussi exactement à ce moment-là que l’épouse de monsieur Woerth commence à travailler pour madame Bettencourt.
En janvier 2008, comme il l’a lui même reconnu après les révélations du Point, Eric Woerth remet la légion d’honneur au conseiller de fortune de madame Bettencourt, M. Patrice de Maistre.
Un timing parfait ?
Il aura fallu que le Procureur de Nanterre, en réponse à une enquête de Marianne, précise avoir alerté le fisc début 2009 pour qu’Eric Woerth sorte du bois. Un communiqué du ministère du Travail admet, vendredi en toute fin de journée, qu’un contrôle fiscal a été lancé « courant 2009 » sur monsieur Banier. De façon très professionnelle, l’AFP, dans la foulée, reprend les informations de Bakchich. Ce qui n’est pas le cas, hélas, de la plupart de nos confrères.
A ce stade, il faut bien souligner la double approximation du ministre dans le récit qu’il fait des événements.
Pourquoi aurait-il lancé un contrôle sur Banier alors que c’est Liliane Bettencourt qui fait l’objet des inquiétudes du Parquet de Nanterre ?
Comment peut-il être à ce point brouillé avec la chronologie ? Voici Woerth qui évoque en effet un contrôle sur Banier courant 2009, alors que c’est dix-huit mois plus tôt, début 2008, que le fisc commence à éplucher les comptes au Liechtenstein du photographe.
Depuis plus de deux ans, Eric Woerth est parfaitement au courant des dérapages fiscaux de madame Bettencourt, sans avoir besoin des alertes du Procureur de Nanterre.
Depuis novembre 2007, c’est-à-dire au moment même où le fisc français prend possession de la liste des 200 français exilés fiscaux au Liechtenstein, sa propre épouse conseille la milliardaire.
Tandis que de leur côté, les services fiscaux, via Banier, sont fatalement tombés sur les avoirs de la milliardaire au Liechtenstein et sur la fameuse ile d’Arros.
Il va lui falloir bien du talent, aujourd’hui dimanche à 18 heures 30 sur RTL, pour retrouver quelques repères chronologiques.