Le Rassemblement des Forces pour la Démocratie (R.F.D) embarrasse l’opposition
J’ai lu avec beaucoup d’attention la lettre de ‘’mise au point du RFD’’ signée de son 1er vice-Président, et justifiant son ‘’choix tactique’’ d’accepter d’occuper par son Président le poste de vice-Président du Présidium du monologue qui a eu lieu du 14 au 17 avril 2009 à Brazzaville. La lettre dénonce, je cite : « une campagne (non fondée) de dénigrement, de supputations et de mensonges » menée contre ce parti et son Président..
Il est vrai que depuis l’annonce de la composition du Bureau du Présidium de ce monologue organisé par le pouvoir de Brazzaville, les critiques fusent de partout dénonçant l’attitude du RFD et de son Président, qualifié de ridicule et prêt à tout pour faire parler de lui. En tout cas cette surprenante décision du RFD de prendre la vice-présidence de ce monologue fait débat, y compris au niveau de la diaspora. Les réactions de l’opposition sont virulentes et certains accusent désormais son Président d’avoir céder aux sirènes de la mangeoire de Mpila et accepté de pendre la tête d’une ‘’opposition alimentaire’’, c’est-à-dire cette opposition taxée de complaisance et qui serait affiliée au pouvoir (par opposition à l’autre opposition jugée plus radicale par le pouvoir lui-même). Et aujourd’hui tout le monde se demande combien d’argent le Président du RFD a-t-il bien pu toucher pour céder aux appels du pouvoir. Il faut dire que M.Joseph HONDJUILA MIOKONO avait déjà annoncé les couleurs peu avant son départ de Paris pour Brazzaville en laissant clairement entendre que « si SASSOU lui donne de l’argent, il n’hésiterait pas à le prendre étant donné qu’il s’agit, selon lui, non pas de l’argent de SASSOU mais de l’argent volé au peuple congolais ». C’est à croire qu’au RFD, être receleur ne leur pose aucun problème de conscience vis-à-vis du peuple.
Nombreux sont en effet des Congolais qui ont réagi à cette décision surprise de M. Joseph HONDJUILA MIOKONOd’accepter une telle offre de la part de ce pouvoir qu’il prétend pourtant combattre. Perçue comme une grosse trahison, cette décision est apparue aux yeux de nombreux Congolais comme un coup de tonnerre au sein de l’opposition et a provoqué un véritable tollé notamment dans les milieux de la diaspora et de l’opposition extérieure. Pour ma part, je me suis également beaucoup interrogé devant ce revirement, allant même jusqu’à me demander pourquoi les dirigeants du RFD qui s’étaient jusqu’à présent toujours montrés si responsables seraient-ils devenus soudain si ridicules au point de ne pas se rendre compte qu’il s’agissait là d’un cadeau empoisonné ? Et aujourd’hui encore je reste très réservé sur les explications apportées par Arsène BIKOUE. Ils auront beau avancé toutes les raisons du monde pour tenter de justifier leurs motivations, je pense qu’ils auront beaucoup de mal à convaincre les Congolais. Car dans un moment aussi crucial pour l’avenir de notre pays, rien ne peut valablement justifier cette attitude des dirigeants du RFD et de leur leader. Pour les Congolais, M. Joseph HONDJUILA MIOKONO vient de commettre l’irréparable. Sa présence au Présidium de ce monologue (qui était considéré par beaucoup comme un non-événement), a suffit à elle seule à créer l’événement. Et ça le RFD ne pourra pas le corriger.
Le RFD parle d’une ‘’position tactique’’ qui serait, à en croire son 1er vice-Président, Arsène BIKOUE, la résultante d’une ‘’analyse tactique’’ de la direction de ce parti. Pour une ‘’analyse tactique’’, le moins que l’on puisse en dire c’est qu’elle était inintelligente. Et cela d’autant plus que le RFD et ses partenaires signataires du Mémorandum du F2RD de novembre 2008 avaient toujours rejeté clairement l’organisation d’un dialogue à minima, exigeant la tenue d’une ‘’concertation sans exclusive’’. Pourtant, chacun sait que c’est bien d’un dialogue à minima dont il était question du 14 au 17 avril au palais du parlement à Brazzaville. Comment expliquer alors ce grand écart et un tel virage à 180° de la part de la direction du RFD, qui relève d’une incohérence politique notoire digne de débutants en politique ? Comment continuer d’affirmer alors dans ces conditions que « le RFD combat la culture du mensonge et de l’intrigue qui entrave l’espace politique congolais pour la remplacer par la culture de la transparence et de la vérité envers le peuple » ?
Arsène BIKOUE affirme par ailleurs que le RFD et les autres partis de cette opposition (de complaisance affiliée à Mpila) avaient eu vent des manœuvres qui « se faisaient en cachette entre le Front des 18 et le pouvoir ». La question est : d’où venait une telle information ? N’était-ce pas une fausse information lancée par le pouvoir ? Le RFD et son Président ignoraient-il donc les capacités manœuvrières du PCT ? Que la direction du RFD et son Président aient eu des reproches (somme toute tout à fait fondés) à faire au groupe des 18 partis du Front issu des états généraux est un fait, et d’ailleurs ils ne sont pas les seuls à avoir des griefs contre ce Front des 18, mais n’y avait-il pas d’autre façon de les dénoncer ? Et puisque le RFD prône la transparence, alors plutôt que d’accepter en catimini cette offre du pouvoir (ce cadeau empoisonné), n’aurait-il pas été « tactiquement » plus intelligent de dénoncer publiquement, au cours d’une conférence de presse par exemple, ces négociations secrètes avec le pouvoir dont se serait rendu coupable le groupe du Front des 18 partis issu des états généraux ? Aujourd’hui M. Joseph HONDJUILA MIOKONO demande semble-t-il « un débat contradictoire public radiotélévisé avec les composantes de l’opposition, notamment la composante des 18 des états généraux de l’opposition, pour éclairer le peuple, à qui nous politiques avons des comptes à rendre ». Pourquoi n’avoir donc pas choisi cette ‘’option tactique’’ plus tôt ? Le fait de demander aujourd’hui un débat avec la composante de l’opposition des 18 partis du Front issu des états généraux, après avoir assuré jusqu’à son terme la vice-présidence du Présidium de ce monologue, n’ouvre-t-il pas la porte à de nombreuses interprétations, du genre, il aurait reçu mission de casser le Front des 18 ?
Je pense que si la direction du RFD et son Président avaient un sens assez poussé des responsabilités et un minimum d’amour pour ce pays, ils auraient dû faire preuve d’un grand sang froid dans la crise qui les opposait au « Front des 18 » et aborder les choses avec beaucoup de calme et d’intelligence. Je pense que cette manière d’électriser en permanence le débat au sein de l’opposition et de mettre les états d’âme au centre du débat politique n’est pas très intelligente. Surtout en cette période très critique, je pense que la sagesse aurait dû commander et la direction du RFD et son Président auraient dû avaler leur égo et refuser de participer, comme les autres partis de la vrai opposition, à ce monologue organisé par le pouvoir, et adopter une attitude plus conciliante et constructive en se rapprochant du « groupe des 18 » et chercher à laver le linge sale en famille. Au pire, si le RFD tenait à tout prix à participer à ce monologue, son Président aurait dû garder la tête froide du début jusqu’à la fin de cette mascarade et éviter de se ridiculiser comme il l’a fait en tombant comme un débutant dans le piège du pouvoir avec ce cadeau empoisonné. Autrement dit, il aurait mieux fait de créer l’événement en déclinant publiquement cette offre du pouvoir. En agissant ainsi, je pense qu’il en serait sorti plutôt grandi.
Le RFD aurait dû adopter la même attitude que celle qui a été adoptée par la diaspora et l’opposition extérieure qui, de l’avis de tous les observateurs de la vie politique congolaise, sont pourtant très actives, voire même les plus actives, ont-elles aussi été oubliées lors de l’organisation des états généraux (une erreur stratégique qui doit impérativement être réparée au plus vite, cela s’impose aujourd’hui plus que jamais) et n’ont pas non plus été conviées à ce monologue du 14 avril. Mais ce n’est pas pour autant que la diaspora et l’opposition extérieure aient choisi sur un coup de tête de se désolidariser du « Front des 18 » que le pouvoir de Brazzaville qualifie d’opposition radicale. Bien au contraire. Malgré leurs griefs contre le « Front des 18 », des griefs qui, je le répète, sont tout à fait légitimes, la diaspora et l’opposition extérieure ne sont pas parties à la faute comme le RFD, elles sont restées dignes et ont choisi de garder la tête froide. Car aujourd’hui, le défit pour ceux qui se disent opposants ce ne sont pas seulement des mots, mais aussi des actes.
Pour conclure je dis tout simplement que quand on sait que SASSOU ne pouvait pas accepter de laisser la vice-présidence du Présidium de son monologue à une personne sur laquelle il n’exerce aucun contrôle (comme en témoigne son refus devant la proposition faite par le « groupe des 18 » d’y installer Madame Aimée MAMBOU GNALI), il est très difficile de croire que M. Joseph HONDJUILA MIOKONO ait été choisi pour ses beaux yeux. C’est pourquoi je récuse ces explications données par le 1er vice-Président du RFD, Arsène BIKOUE dans sa lettre de mise au point pour tenter de justifier leur ‘’position tactique’’, surtout dans la mesure où la direction du RFD a oublié d’appliquer ce que son Président avait lui-même si bien dit dans sa dernière conférence de presse, à savoir que « nous ne devons surtout pas nous tromper d’adversaire ». En choisissant d’assurer la vice-présidence de ce monologue pour se venger contre le « Front des 18 », M. Joseph HONDJUILA MIOKONO a délibérément confondu son adversaire. Je considère qu’il y a là manifestement une perte de confiance. Par conséquent le contrat entre la vraie opposition et le RFD ne peut plus se poursuivre. Pour être plus efficace et pour mieux affronter les défis à venir, aujourd’hui plus que jamais la vraie opposition doit pouvoir se séparer des tortues à double carapace. La libération du Congo et de son peuple meurtri est à ce prix. Et comme je l’ai déjà dit plus haut, être opposant ne se situe pas seulement au niveau des mots, mais au niveau des actes. Comme beaucoup de nos concitoyens, je considère donc que par cet acte, le RFD par son Président vient de céder aux sirènes de la mangeoire de Mpila et accepter d’aller grossir les rangs des défections, qui risquent malheureusement d’être plus nombreuses à quelques mois de l’élection.
Bienvenu MABILEMONO
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