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10 octobre 2006 2 10 /10 /octobre /2006 10:58
 

      La famille comme mode de gouvernance politique, tel est le crédo du pouvoir de Brazzaville après le putsch de 1997. S'appuyer sur les enfants, les neveux, la belle-famille (laquelle est assez large puisque Sassou est polygame, même si Antoinette est celle qui est publiquement présentée comme l'unique épouse du président Sassou), etc par des transactions qui font que l'argent de l'Etat congolais est détourné au profit de Sassou et des siens sans que personne y trouve à redire. Le parti, en l'occurrence, le Parti Congolais du Travail (P.C.T.) sert de paravent pour limiter les mécontentements mais qu'à cela ne tienne, dans chaque ministère, un parent du président tient véritablement les rênes du  pouvoir, le véritable exercice de l'autorité. Et la famille comme mode de gouvernance du pouvoir ou même comme mode de succession s'observe de plus en plus dans l'échiquier politique congolais. A juste titre, Kolélas s'appuie désormais sur ses enfants pour contrôler son parti le MCDDI et à l'UPADS, c'est Pascal Gamassa qui vient de prendre la présidence par intérim du parti, au dam de Paulin Makita et de Christophe Moukouéké...

  La famille peut-elle être un mode de gouvernance politique ? Oui ! Par mode de gouvernance politique, nous entendons l'organisation humaine et le mode juridique qui sont utilisés pour diriger un pays, un Etat, une nation. Dans le cas des dynasties, des royaumes, des principautés, cela se comprend mais dans le cas d'une République comme le Congo-Brazzaville, on sait que cette pratique n'est pas légitime. En effet, la royauté ou la principauté sont constitutionnelles et l'exercice du pouvoir par la famille a tout pour être légitime. Mais en dictature, rien n'est interdit, quand bien ce n'est pas légal. En effet, dans la réalité,  rien n'interdit à Sassou de prendre un neveu comme conseiller spécial... Ici, les notions de mérite ou de compétences n'ont aucune importance car seule compte la confiance que le dictateur Sassou a en vous.

   En instaurant un régime présidentiel fort, Sassou a voulu concentrer la totalité du pouvoir entre ses mains. Mais comment exercer véritablement le pouvoir, le contrôle sans avoir le don d'ubiquité ? La réponse : la famille. Il s'agit à la fois de s'appuyer sur elle pour exercer le pouvoir politique et le pouvoir économique. Pratiquement tout le secteur public congolais a été privatisé : les transports, la communication, la poste. Et les repreneurs ne sont autres que les membres de la famille présidentielle. Sassou donne aux siens l'argent de l'Etat congolais pour leur permettre de créer des sociétés anonymes dans lesquelles il est actionnaire et en plus leur confie les marchés de l'Etat. On dénote que de nombreux chantiers estimés au pif donnés à la famille Sassou n'ont pas été menés à terme. Mais qui s'en plaindra puisque l'Etat, le maître-d'oeuvre ne se plaint pas ? Il  s'agit d'un système de détournement légal (même si ça semble contradictoire) :

-on provoque la faillite des entreprises publiques, on les revend à la famille puis on leur refile les marchés de l'Etat. C'est un processus qui permet de transformer de L'ARGENT PUBLIC EN ARGENT PRIVE, sans que personne ne soupçonne la manoeuvre... 

   Pour le pétrole, il s'agit d'un domaine sensible, puisqu'il est catalogué "richesse nationale" (une richesse vendue d'avance qui ne profite en fait pas du tout au peuple congolais qui est l'un des plus endettés de la planète) mais Sassou a trouvé l'astuce :

-créer des sociétés privées off-shore situées hors du Congo, dans des paradis fiscaux, avec à la tête toujours le même personnage : Denis Gokana, conseiller spécial du président et neveu de sang royal (mais à qui appartiennent véritablement ces sociétés anonymes, surtout si l'actionnaire majoritaire ne se divulgue pas ?);

-et leur vendre le pétrole congolais au travers de la SNPC (Société Nationale de Pétrole Congolaise) à des prix défiant toute concurrence pour ensuite empocher la plus-value à titre privé sur le marché international où le pétrole est à 70 dollars.

   Sassou utilise à présent ses fils pour surveiller le pompage du pétrole au large car il n'est plus question de faire des cadeaux ou de perdre une portion des miettes qui sont dévolues au Congo-Brazzaville dans la distribution de la manne pétrolière.

   La famille, c'est l'assurance que l'on ne sera pas trahi (on dit Sassou a un numéro spécial pour la famille) et de plus, on a une autorité naturelle sur elle par la fonction, par le pouvoir politique et par le sang. Celle-ci sait que c'est par vous qu'elle a le pouvoir donc, elle vous soutient jusqu'au bout. Dans le monde des affaires normales, on trouve des affaires familiales qui sont soumis à la concurrence et qui doivent souvent s'ouvrir à des actionnaires étrangers. Ici, l'actionnaire principal anonyme, c'est l'Etat congolais. Et ce de manière gratuite. L'Etat n'est plus une institution juridique mais se réduit comme dans le cas de la royauté à un homme. Il ne manque plus à Sassou que le droit divin...

   Les enfants du cobra royal ont grandi. Tout comme les neveux (dont le plus connu est Willy Nguesso, le fils de Maurice Nguesso, celui qui s'occupe du domaine présidentiel). Ils peuvent donc aider leur père à piller le pays, et cette fois-ci de façon à le saigner à blanc. Ca tombe bien : il y a de l'argent dans les caisses de l'Etat. Les ministres ne peuvent être totalement contrôlés : on ne les voit pas quand on veut, on ne leur fait pas totalement confiance car ils peuvent dévoiler les secrets de la prédation. En fait, ils ne sont là que pour donner l'illusion qu'il y a un parti au pouvoir dans lequel en réalité on ne compte plus : depuis son accession au pouvoir Sassou II n'a organisé aucune réunion du P.C.T. L'objectif poursuivi par Sassou est simple : on a perdu une fois le pouvoir et on a vu ce que ça faisait de ne plus avoir un puits d'argent dans lequel on puisait à volonté. Cette fois-ci, on va s'enrichir et ne plus gaspiller le moindre pétrodollar en le conservant au sein de la famille. La famille rassure, nous aime et est prête à nous défendre bec et ongles. Le coup d'Etat a affaibli le parti : en effet, ce n'est pas de lui qu'on tient le pouvoir. On peut donc le négliger en lui donnant des miettes de pouvoir. La famille est le grand gagnant car elle s'est encore un peu plus rapprochée du président Sassou. Au fait, combien d'enfants a le président Sassou ? Vingt ? Trente ? Il ne s'agit pas bien entendu d'enfants légitimes mais d'enfants que le président fait parfois avec des femmes déjà mariées et qu'il reconnaît quand même ! La famille sert aussi à avoir des alliances à travers toutes les ethnies.  En fait, Sassou se comporte comme un chef tribal. Ce n'est pas vraiment une innovation politique, la famille comme mode de gouvernance. De nombreux dictateurs le font. D'ailleurs, on se rend compte que les fils succèdent au père en politique, en Afrique. C'est le cas au Zaïre pour Kabila fils ou au Togo pour Eyadéma fils.

  La famille comme mode de gouvernance politique, c'est l'assurance que les décisions prises dans le giron familial seront tenues dans le secret. Elle est facile à coordonner car elle tourne au quotidien autour du président.  Elle instaure entre ses membres une solidarité organique, un consensus implicite. Les décisions sont rapidement évaluées, la coordination des actions mafieuses plus rapide, le retour sur information vite encaissé. La coopération de la famille est immédiate car elle se sait héritière de tout ce que l'un de ses membres entreprend. Le mode opératoire se fait sur la base de la confiance et du bricolage politique au quotidien car Sassou n'a aucun projet politique pour le Congo. Nous avons démontré en quoi la "NOUVELLE ESPERANCE" n'était qu'une farce politique dans un précédent article. Sassou II est avant tout un règne totalement tourné vers l'enrichissement au travers du réseau familial. Maurice Nguesso, l'aîné du président Sassou, va créer une société aérienne sur les cendres de la société nationale "LINA CONGO". On sait d'avance d'où vient l'argent qui constituera le capital de la société...

   Le seul accroc de ce mode de gouvernance, c'est qu'en s'éloignant du parti (on dit que Sassou aurait l'intention de créer son propre parti car le P.C.T. semble être divisé en deux camps), de l'ethnie, on risque de les voir se retourner contre le président. En souris prudente, Sassou sait qu'il doit jeter du lest en achetant la paix sociale - par la corruption. Par ailleurs, mêler la famille à la mafia politique peut les exposer à la vindicte populaire (on ne s'étonnera donc pas que Sassou se déplace parfois avec de nombreux membres de Sassou ou pourquoi il a construit un aéroport à Olombo). Le sentiment d'injustice trop contenu explose toujours un jour et la furie du peuple est semblable à une folie furieuse.

    L'actualité tchadienne doit donner à réfléchir au président Sassou : en effet, la rébellion ou l'insurrection vient de sa propre ethnie (or, des rumeurs d'assassinat du président dans son propre fief nous sont parvenues. Où dort Sassou ? Au Congo? Au Gabon ?) et quelques neveux écartés des affaires sont parmi les instigateurs. Il vaut mieux donc être en bons termes avec la famille. L'armée congolaise doit être fortement composée et dirigée par les proches de Sassou et la détention des armes doit être entre leurs mains. A chaque fois qu'il y a disparition d'armes dans un commissariat, Sassou tremble. Hélas, il y a trop d'armes en circulation au Congo-Brazzaville et la famille royale congolaise ne peut pas réussir à contrôler toute l'artillerie qui se trouve dans la nature. La récupération des armes a été un fiasco. Or, toute dictature est basée sur la force et devant une balle, aucun franc cfa ne peut servir de bouclier.

   La famille comme mode de gouvernance n'est pas une nouveauté mais au Congo-Brazzaville, on redécouvre ses avantages, surtout, on l'utilise pour transformer de l'argent public en argent privé familial, des sociétés publiques en sociétés privées, on se sert d'elle aussi pour acheter tout le pays (Edith Lucie Sassou Bongo s'en charge).


 

 

 

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