2 mars 2008
7
02
/03
/mars
/2008
00:11
Sarkozy veut reconsidérer l'existence des bases militaires françaises en Afrique. Certains y voient l'application de sa logique de rupture mais ne nous y trompons pas : la réalité est toute autre car la France n'a plus les moyens d'entretenir toutes ses bases militaires en Afrique. Cependant, ses soldats continueront à arpenter le sol africain - là où la France possèdera d'énormes intérêts financiers - sous le casque bleu de l'ONU comme ce sera le cas au Tchad avec l'EUFOR dans laquelle le contingent des militaires français sera le plus important. La Françafrique ne saurait se réduire à sa simple dimension militaire qui il faut le reconnaître n'existe que pour maintenir des dictateurs comme Déby ou Bongo au pouvoir - de sorte à toujours se mêler d'affaires afro-africaines ; il faut qu'il y ait un changement total : économique, politique, diplomatique, militaire, culturel. L'habileté de Sarkozy consiste à faire de la communication sur cette affaire : il veut donner l'illusion d'une rupture - alors qu'il ne s'agit que d'une exigence financière car les bases coûtent les yeux de la tête aux contribuables français qui ne comprennent pas trop ce que font leurs soldats au Gabon, au Tchad, à Djibouti, etc. L'occupation militaire va simplement changer de casquette : de française, elle va devenir onusienne mais le gros des militaires déployés sera encore français. Communiquer diplomatiquement revient parfois à présenter sous de nouveaux vocables une même réalité de sorte à séduire les esprits en leur donnant l'illusion d'un changement dans le rapport de force - alors qu'il n'en est rien. La Françafrique est comme une vache qui donne du bon lait et le berger a un peu de mal à tuer la vache laitière... Comprenne qui pourra.
Voici tout de même un article qui m'a été envoyé par P.E. Mampouya qui stigmatise le changement de langage de Sarkozy en Afrique du Sud. Méfions-nous des mots qui changent plus vite que la réalité. Réjouissons-nous quand la réalité aura changé. Je doute fort que les Français quittent toutes leurs bases africaines : il y a trop d'intérêts en jeu. Pour l'instant, aucune base militaire française n'a été démantelée. Alors, moi les discours d'Emmanuelle Mignon(ne) ou de Claude Guéant, je m'en fiche royalement... Que les faits parlent par eux-mêmes.
*******************************************************************
Voici tout de même un article qui m'a été envoyé par P.E. Mampouya qui stigmatise le changement de langage de Sarkozy en Afrique du Sud. Méfions-nous des mots qui changent plus vite que la réalité. Réjouissons-nous quand la réalité aura changé. Je doute fort que les Français quittent toutes leurs bases africaines : il y a trop d'intérêts en jeu. Pour l'instant, aucune base militaire française n'a été démantelée. Alors, moi les discours d'Emmanuelle Mignon(ne) ou de Claude Guéant, je m'en fiche royalement... Que les faits parlent par eux-mêmes.
*******************************************************************
Vendredi 29 Février 2008
Françafrique: "Le ton a changé"
Propos recueillis par Marianne ENAULT
leJDD.fr
leJDD.fr
Dans un discours prononcé depuis le Cap, en Afrique du Sud, Nicolas Sarkozy a semble-t-il engagé la rupture avec la Françafrique. Du moins dans la forme. Philippe Mayol, responsable du département Afrique au sein du CCFD* et co-auteur du Livre Blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente, réagit aux propos du chef de l'Etat français pour le JDD.fr.
Aux côtés du président sud-africain, Nicolas Sarkozy a promis de réexaminer la présence militaire française en Afrique. (Reuters)
Qu'avez-vous pensé du discours du Cap de Nicolas Sarkozy?
Les mesures annoncées, telles que la renégociation de tous les accords militaires de la France en Afrique ou la publication du contenu de ces textes, sont assez encourageantes. Ça va dans le bon sens. Il faut tout remettre à plat. Le Parlement français sera désormais associé à la redéfinition de la politique de la France en Afrique. Cela fait plusieurs années qu'on se bat pour obtenir que le Parlement soit au coeur de la politique étrangère frrançaise. Nicolas Sarkozy a également évoqué le rôle de l'Europe en Afrique. Il est nécessaire d'avoir une vraie politique de l'Europe en Afrique. Mais attention, s'il s'agit d'une énième réforme de la politique de la France en Afrique, ça n'a pas de sens. La stratégie doit désormais être définie au sein de l'Union européenne.
Constatez-vous une évolution entre le discours de Dakar, qui avait vu notamment Nicolas Sarkozy évoquer un homme africain "pas assez entré dans l'histoire", et le discours du Cap?
C'est en tout cas un vrai changement dans la forme. Le ton a changé. C'est une manière de se rattraper, non pas par rapport au discours de Dakar, mais par rapport aux critiques émises sur la politique menée par la France en Afrique durant les premiers mois de la présidence Sarkozy. Je pense notamment aux premiers chefs d'Etats reçus par le président français [le Gabonais Omar Bongo et le Tchadien Idriss Déby, ndlr]. La rupture annoncée pendant la campagne électorale tardait à venir.
Selon vous, que doit-il se passer désormais?
On attend avec impatience les prochaines étapes. C'est un discours assez fort. Nous attendons maintenant que le président français passe aux actes. Il faut qu'un calendrier précis soit mis en place. Il faut répondre aux questions du qui, du quand et du comment. Il s'agit tout d'abord de gérer le dossier tchadien. Il faut que toute la lumière soit faite sur le rôle exact des forces françaises pendant le conflit au Tchad [Paris a répété à plusieurs reprises que l'armée française n'était pas intervenue directement sur le terrain, ce que plusieurs sources démentent, ndlr]. Le Parlement doit se saisir de cette question. Il faut mettre en place une mission d'information parlementaire.
"Il faut maintenant des actes"
Le discours de Nicolas Sarkozy n'est-il pas en contradiction justement avec l'attitude de la France pendant le conflit au Tchad?
Oui, c'est pourquoi il faut faire toute la lumière sur cet épisode. La confusion règne dans ce dossier. Or, c'est justement ce que Sarkozy dénonce dans ce discours. Il parle de "transparence". On l'attend. Il ne suffit pas de dire que la France ne va plus être le gendarme de l'Afrique. Ce n'est pas une nouveauté, cela a déjà été annoncé dans le discours de la Baule [prononcé par François Mitterrand le 20 juin 1990, ndlr]. Idem pour le redéploiement des forces françaises en Afrique. Il faut maintenant des actes. Il faut que la volonté affichée par Nicolas Sarkozy se traduise dans les faits.
Lors d'une conférence au Centre d'accueil de la presse étrangère, le 14 février dernier, votre Plateforme citoyenne semblait attendre beaucoup de cette nouvelle visite en Afrique. Etes-vous satisfait?
Notre grand regret concerne le Tchad. Nicolas Sarkozy ne dit pas ce que la France veut faire au Tchad. Nous sommes très inquiets quant au sort réservé aux deux opposants [qui ont disparu après l'assaut rebelle, ndlr]. Avant l'Afrique du Sud, Sarkozy était au Tchad. On attendait des déclarations. Mais sa communication sur le sujet n'a pas été aussi forte que ce que l'on espérait. Il a évoqué une enquête internationale. Mais il y a un décalage par rapport à l'urgence de la situation actuelle. Nous devons savoir ce qu'ils sont devenus. Après la disparition de ces deux opposants, on ne peut pas repartir comme avant avec le Tchad. Il faut revoir la politique de la France dans ce pays. Sarkozy doit désormais être en cohérence avec son discours.
Dans son discours, le président évoque peu les questions de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption, etc. Est-ce un recul?
Il y a une absence de volonté sur ces sujets. Il n'y a pas de demande de plus forte démocratisation des Etats africains. La question est rapidement évoquée en fin de discours. Cela manque un peu de force. Le président a par ailleurs peu évoqué la question de l'aide au développement. Il n'a pas précisé l'engagement de la France à consacrer 0,7% de son PIB à cette question. Il n'a pas expliqué comment la France comptait désormais gérer ses relations avec les Etats non-démocratiques. Il n'a pas évoqué la question des biens mal acquis, de la dette odieuse. Sur ces sujets, il n'y a pas de réponse.
*Philippe Mayol est responsable du département Afrique du Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement (CCFD) et co-auteur du Livre Blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente.
Les mesures annoncées, telles que la renégociation de tous les accords militaires de la France en Afrique ou la publication du contenu de ces textes, sont assez encourageantes. Ça va dans le bon sens. Il faut tout remettre à plat. Le Parlement français sera désormais associé à la redéfinition de la politique de la France en Afrique. Cela fait plusieurs années qu'on se bat pour obtenir que le Parlement soit au coeur de la politique étrangère frrançaise. Nicolas Sarkozy a également évoqué le rôle de l'Europe en Afrique. Il est nécessaire d'avoir une vraie politique de l'Europe en Afrique. Mais attention, s'il s'agit d'une énième réforme de la politique de la France en Afrique, ça n'a pas de sens. La stratégie doit désormais être définie au sein de l'Union européenne.
Constatez-vous une évolution entre le discours de Dakar, qui avait vu notamment Nicolas Sarkozy évoquer un homme africain "pas assez entré dans l'histoire", et le discours du Cap?
C'est en tout cas un vrai changement dans la forme. Le ton a changé. C'est une manière de se rattraper, non pas par rapport au discours de Dakar, mais par rapport aux critiques émises sur la politique menée par la France en Afrique durant les premiers mois de la présidence Sarkozy. Je pense notamment aux premiers chefs d'Etats reçus par le président français [le Gabonais Omar Bongo et le Tchadien Idriss Déby, ndlr]. La rupture annoncée pendant la campagne électorale tardait à venir.
Selon vous, que doit-il se passer désormais?
On attend avec impatience les prochaines étapes. C'est un discours assez fort. Nous attendons maintenant que le président français passe aux actes. Il faut qu'un calendrier précis soit mis en place. Il faut répondre aux questions du qui, du quand et du comment. Il s'agit tout d'abord de gérer le dossier tchadien. Il faut que toute la lumière soit faite sur le rôle exact des forces françaises pendant le conflit au Tchad [Paris a répété à plusieurs reprises que l'armée française n'était pas intervenue directement sur le terrain, ce que plusieurs sources démentent, ndlr]. Le Parlement doit se saisir de cette question. Il faut mettre en place une mission d'information parlementaire.
"Il faut maintenant des actes"
Le discours de Nicolas Sarkozy n'est-il pas en contradiction justement avec l'attitude de la France pendant le conflit au Tchad?
Oui, c'est pourquoi il faut faire toute la lumière sur cet épisode. La confusion règne dans ce dossier. Or, c'est justement ce que Sarkozy dénonce dans ce discours. Il parle de "transparence". On l'attend. Il ne suffit pas de dire que la France ne va plus être le gendarme de l'Afrique. Ce n'est pas une nouveauté, cela a déjà été annoncé dans le discours de la Baule [prononcé par François Mitterrand le 20 juin 1990, ndlr]. Idem pour le redéploiement des forces françaises en Afrique. Il faut maintenant des actes. Il faut que la volonté affichée par Nicolas Sarkozy se traduise dans les faits.
Lors d'une conférence au Centre d'accueil de la presse étrangère, le 14 février dernier, votre Plateforme citoyenne semblait attendre beaucoup de cette nouvelle visite en Afrique. Etes-vous satisfait?
Notre grand regret concerne le Tchad. Nicolas Sarkozy ne dit pas ce que la France veut faire au Tchad. Nous sommes très inquiets quant au sort réservé aux deux opposants [qui ont disparu après l'assaut rebelle, ndlr]. Avant l'Afrique du Sud, Sarkozy était au Tchad. On attendait des déclarations. Mais sa communication sur le sujet n'a pas été aussi forte que ce que l'on espérait. Il a évoqué une enquête internationale. Mais il y a un décalage par rapport à l'urgence de la situation actuelle. Nous devons savoir ce qu'ils sont devenus. Après la disparition de ces deux opposants, on ne peut pas repartir comme avant avec le Tchad. Il faut revoir la politique de la France dans ce pays. Sarkozy doit désormais être en cohérence avec son discours.
Dans son discours, le président évoque peu les questions de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption, etc. Est-ce un recul?
Il y a une absence de volonté sur ces sujets. Il n'y a pas de demande de plus forte démocratisation des Etats africains. La question est rapidement évoquée en fin de discours. Cela manque un peu de force. Le président a par ailleurs peu évoqué la question de l'aide au développement. Il n'a pas précisé l'engagement de la France à consacrer 0,7% de son PIB à cette question. Il n'a pas expliqué comment la France comptait désormais gérer ses relations avec les Etats non-démocratiques. Il n'a pas évoqué la question des biens mal acquis, de la dette odieuse. Sur ces sujets, il n'y a pas de réponse.
*Philippe Mayol est responsable du département Afrique du Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement (CCFD) et co-auteur du Livre Blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente.
Published by Le lion de Makanda mwan Mizumba
-
dans
Quand nos lecteurs écrivent
commenter cet article …
commenter cet article …