15 octobre 2007
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Le web, la toile numérique joue amplement son rôle en en nous permettant de faire des connaissances dignes d'intérêt car en regardant l'autre vivre, on réapprécie les choses, la vie et on se dit qu'on a de bonnes raisons d'espérer car l'homme, par sa nature complexe, permet tous les possibles. Quand Lorène m'a invité à découvrir son blog, je n'ai pas hésité une seconde et j'ai été pétrifié d'admiration devant cette jeune femme française qui prenait dans ses bras une lionne. Elle a vécu au Zaîre et en Zimbabwé L'amour est contagieux et nous ne partageons certainement pas assez l'amour des belles choses, l'amour des grands idéaux, des grands combats. Elle se bat pour la diversité de la vie animale, face à un braconnage sauvage, face à ceux qui tuent d'abord avant de réfléchir. C'est internet qui a rendu possible un tel miracle de rencontre. C'est en cela que le web est une formidable expérience humaine car les frontières de la communication sont abolies et Dieu sait que l'Europe, un monde trempé jusqu'au cou dans l'individualisme, en avait besoin. Je mets en ligne ma correspondance car je trouve qu'elle porte des valeurs qui pourraient vous amener à réfléchir. Je vous invite à découvrir son blog : http://sosanimauxafrique.over-blog.com/
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Lorène,
bonjour.
Dans la culture de l'ethnie Punu à laquelle j'appartiens, la vie humaine est au piedestal de l'importance mais toute vie est importante et, même pour enlever l'écorce d'un arbre pour se soigner le Punu demande pardon à l'arbre, idem pour un animal que l'on va manger. J'ai grandi dans des traditions fortes, un monde de symbolismes qui mettaient la matière entre parenthèses. Vous vous battez pour l'amour de la vie. Moi aussi. Et pas que la vie humaine. Amoureux de la forêt dans laquelle j'ai grandi, je vois ma forêt natale être détruite et avec elle une faune et une flore rares. Quand je pense à tous ces parfums de mon enfance que je ne pourrais plus respirer à mon retour...
Ce monde a quelque chose de faux dans son but ultime : l'argent. Non pas pas que l'argent ne soit pas nécessaire mais c'est le fait qu'il soit une fin en soi qui pose problème. "Je veux devenir riche pour devenir riche" sonne faux tandis que "je veux devenir riche pour sauver mes semblables" a un sens. Imaginez ce que doit ressentir le sociologue que je suis quand j'observe les valeurs de la société occidentale. Je comprends votre embarras. En fait, je n'admire que des personnes qui se vouent à une cause noble comme vous et vous avez bien fait de mettre la passion de votre vie sur le net. Moi la mienne, c'est la vie dans ce qu'elle a d'ultime : l'homme, mi-animal, mi-dieu. L'homme me paraît être la solution de tout car le salut ou la destruction finale viendront de l'homme, tour à tour ange et démon, ange quand il sauve et démon quand il tue. Vous parlez à cette part de lumière qui est en nous car en nous réconciliant avec l'animal, c'est le lion qui prend une part d'humanité quand vous le prenez dans vos bras. Si vous parvenez à domestiquer ce qui n'a pas de prime abord la faculté de la raison, comment ne pas espérer domestiquer un jour l'homme, l'être le plus raisonnable ? Même nos colères sont une marque d'amour car nous avons aimé avant de nous fâcher. J'écris pour apporter un peu de changement dans mon pays et, croyez-moi, j'y parviens un peu - aux dires des correspondances qui viennent des gens du pouvoir. Si vous le permettez, je mettrai cette correspondance sur mon blog en y ajoutant l'adresse du vôtre pour que les centaines de gens qui se connectent sur mon site découvrent le vôtre.
Vous comprenez qu'en fait tout Africain n'a qu'une ambition : rentrer chez lui, dans ce monde chaleureux où votre semblable vous parle sans vous connaître mais ce sont les dictatures qui nous retiennent à l'étranger. On parle d'immigration sans y trouver de solution alors qu'il suffirait d'apporter plus de démocratie à l'Afrique pour qu'elle diminue de beaucoup.
Merci d'avoir enrichi ma vie de votre connaissance : je considère qu'on est riche que de nouvelles connaissances, de nouvelles rencontres et la vôtre m'a apporté un peu de cette Afrique qui vous habite et que je n'ai pas vue depuis dix-sept ans...
Mouvimat