L'absence de changement politique dans notre pays a une explication qui pourrait se formuler de la sorte : Il manque un vrai programme d'éducation politique de notre peuple qui n'a pas encore pris conscience de ses droits sociaux et de sa force politique - suffisamment pour se battre pour eux, les droits ne s'obtenant pas sans lutte contre ceux qui veulent les restreindre ou les effacer définitivement.
Il y a un inconscient politique qui vient du plus profond de nos traditions qu'il faut détruire : dans cet inconscient 1) le roi est sage et agit pour son peuple 2) il est le repère stable qui ne bouge pas 3) il mérite le préjugé de confiance 4) aussi, dans l'esprit du peuple, la notion de droit est inutile puisque le souverain est naturellement bon, désintéressé, impartial et sage qui consulte son peuple quand il manque de solutions. Cet inconscient n'a pas disparu quand bien même la société traditionnelle basée sur le KiMunTu a disparu.
Les sociétés anciennes ignoraient les concepts abstraits qui ont été introduits par les étrangers qui ont introduit un type de société qui ne correspond pas à l'inconscient originel du MUNTU. Pourtant, c'est avec cet inconscient ancien qu'on apprécie la nouvelle société artificielle créée par les BENA MPIMPA.
SI NOTRE PEUPLE ÉTAIT CONSCIENT DE SES DROITS, S'IL LES PRENAIT NON PAS COMME DES CONCEPTS ABSTRAITS MAIS DES OBJETS PHYSIQUES, IL SE BATTRAIT POUR EUX COMME LE FONT LES AUTRES PEUPLES. Je prends un exemple : si les Congolais étaient conscients que les 1000, 2000 ou 5000 que membres de la tyrannie mbochie leur donnent était LEUR PROPRE ARGENT, ils ne voteraient pas pour ces corrupteurs. S'ils votent pour ceux qui les méprisent, les maltraitent et les assassinent, c'est qu'ils ignorent leurs droits.
Qu'est-ce que la République ? A-t-on déjà posé cette question à notre peuple ? Nombreux croient qu'elle se réduit à des frontières modifiées par rapport aux anciennes frontières tribales par les puissances occidentales. Combien savent que la République est aussi une mise en commun de toutes les ressources de tous les anciens tsis pour les répartir équitablement ? Combien savent que chaque Congolais devenu citoyen de la république possède une portion de l'autorité politique qu'il doit exprimer librement lors des élections ? Nombreux ne le savent pas sinon ils ne se laisseraient pas corrompre avec LEUR PROPRE ARGENT. C'est que la République est encore une entité abstraite et, dans un inconscient où l'abstrait a peu de place, on n'accorde pas l'importance nécessaire à toutes ces notions abstraites. C'est quoi la liberté qui ne permet de rien acheter face à 2000 francs CFA qui permettent de manger un petit jour pour ensuite retomber dans la faim ? On choisit le repas immédiat à des choses abstraites comme la démocratie, la liberté, le droit, le vote. Il faut que les hommes politiques éduquent le peuple que ce qu'ils prennent pour de l'abstrait sans importance est IMPORTANT. Leurs vies et conditions de vie en dépendent. Aujourd'hui, l'ethnie est plus réelle que la République. Nous avons quelque chose en commun mais qu'ai-je en commun avec la République ? Avec l'État ? Aussi, les Congolais sont plus prompts à défendre le membre de leur ethnie que celui qui vient au nom de cette abstraction appelée république. Ce qui fait que l'unité nationale républicaine n'existe pas et ne fait pas le poids devant l'ethnie qui a des racines millénaires au point où l'ethnie, c'est-à-dire, l'identité est un PROJET EN SOI que le subconscient bantou a du mal à dépasser.
Le Congo n'a pas réussi à construire un MUNTU RÉPUBLICAIN correspondant à la nouvelle république qui n'est jusqu'à nos jours qu'une abstraction qui n'a aucune assise sur le quotidien, le conscient et le subconscient des Congolais.
Nombreux ne comprendront pas que je dise que les hommes politiques sont les premiers ennemis de la république qu'ils refusent de construire. Pourquoi ? Parce que la République signerait leur mort politique, la fin de leur carrière de boukouteurs. La République, c'est la distribution égalitaire des droits et des devoirs à tous, c'est-à-dire, la fin des privilèges - notamment ethniques, claniques, sectaires. La dictature n'existe que pour tuer dans l'œuf la moindre chance d'édifier la République de l'égalité des chances articulée autour des capacités et des compétences de chacun.
Nous avons beaucoup de retard à rattraper en commençant par la définition du type de société dans laquelle nous voulons vivre, de sorte qu'elle soit à notre image. Il faut ensuite éduquer le peuple à se défaire de l'ancien inconscient, celui de la société traditionnelle non discriminatoire et peu différenciée. Il nous faut traduire les droits de tous dans la réalité, de sorte à ce que les privilèges ethniques et claniques ne soient plus la règle.
Pour ma part, j'ai élaboré une société appelée tradi-république en faisant fusionner dans un ensemble harmonieux traditions et modernité, dans la mesure où nos inclinations actuelles ne veulent pas renoncer à notre identité atavique, ni aux acquis de la modernité. Nous voyons tous que le concept d'ethnie résiste à l'existence de la république car le membre de l'ethnie ne veut pas disparaître devant la république - ce que les hommes politiques exploitent pour empêcher l'existence de ladite Eépublique. De son côté, la république qui est le support de la modernité et de son concept de développement a ses tenants. Il faut donc trouver un point d'équilibre entre les deux. C'est la tradi-république.
Tant que nous n'aurons pas résolu la question politique du modèle de société, nous aurons du mal à nous concentrer sur le développement économique sur le bien-être de nos populations car pour le moment, la politique dans notre pays est juste la conservation du pouvoir au sein d'une ethnie au détriment des autres ethnies qui se battent pour accéder à leur tour au pouvoir. Ce phénomène est le syndrome de la poursuite de la société coloniale dans laquelle l'ethnie des Mindélés en petit nombre dominait toutes les ethnies autochtones.
Nous avons encore un long chemin à faire avant de réussir à accorder nos différences pour en faire une nation harmonieuse. Hélas, nous avons raté la période cruciale des indépendances. Il est difficile de revenir au point où les pères de l'indépendance se sont trompés.
Aujourd'hui, pour notre survie à tous, il faudra prendre le courage de poser LA QUESTION ETHNIQUE sur la table si nous ne voulons pas être condamnés à nous entretuer demain. Ce qui profiterait aux BENA MPIMPA qui ne veulent pas du développement de l'Afrique.
MBUTA NE NKOSSI ZA MAKANDA,
LION DE MAKANDA,
MWAN' MINDZUMB'