Au Congo, la réalité dépasse la fiction en matière d'inventivité. Le génie du mal a une telle créativité que les scénaristes de Hollywood devraient venir prendre des cours dans notre pays. Tenez, en matière de travail, par exemple, il y a ceux qui perçoivent un salaire alors qu'ils vivent à l'étranger, ceux qui ont quatre salaires, ceux qui n'existent même pas mais qui perçoivent une paie, ceux qui touchent un salaire qui n'est pas le leur, ceux qui sont retraités comme cette dame impotente qui vient de retrouver un travail, enfin les morts qui continuent à percevoir leur salaire comme feue madame Marie Thérèse Mouebo, décédée à Pointe-Noire en février 2020, suite à un AVC, nommée par décret numéro 2020-125 du 8 mai 2020 au poste d'administrateur- Maire de la communauté urbaine de Kibangou.
Denis Sassou Nguesso et Clément Mouambe ont signé ce décret. Le premier ministre a une excuse : à cause de la lourdeur de la mouambe, il dort assis sur un siège ou pire, debout, les yeux ouverts. Le ndzokousaure qui a une longue expérience d'espion n'en a aucune. Il a pourtant tendance à se renseigner sur tout. C'est impossible que ses multiples démons ne l'aient pas averti.
Que des personnes continuent à travailler pour éviter la retraite aux pensions plus aléatoires dans notre pays, on peut le comprendre, notamment quand ils travaillent au Trésor public. Peut-être sont-ils irremplaçables à leurs postes pour qu'on ferme les yeux sur cette désobéissance. Après tout, ils ne volent pas leurs salaires et surtout, ils ne tombent pas dans le crime de lèse-ministre comme tous ces journalistes que Thierry Moungalla a virés.
Mais là où le régime dépasse tout ce qui peut s'imaginer dans notre pays, c'est quand une morte est nommée maire de Kibangou. On suppose qu'elle ressuscitera tous les jours pour venir travailler et regagner sa tombe le soir venu.
Au moment où nous écrivons ce texte, aucun décret rectificatif n'a pas été pris pour changer la situation. Tout de même, quitter Pointe-Noire pour venir travailler à Kibangou, ça fait une belle distance ! No problem : sa tombe sera dotée d'une voiture de fonction...
Des jeunes cherchent désespérément du travail dans notre pays. Curieusement, ce sont les morts qui sont recrutés ! Il nous faut avaler un éléphant avec une bonne dose de naïveté pour admettre un tel tour de passe-passe qui dépasse l'entendement. Il faudra bien vérifier la liste ci-dessous pour vérifier si feue Mouebo est la seule maire zombie. On ne sait jamais.
Si cette affaire est vraiment avérée, on peut se dire que dans notre pays, personne ne contrôle personne - sauf quand il s'agit de surveiller ceux qui en veulent au pouvoir de papy niongologue-boukoutologue-muyibilogue. Pour le ndzokousaure, l'homme des masses affamées, l'homme des massacres concrets, seul compte le pouvoir pour exercer un gangstérisme d'État et s'enrichir au-delà de l'imaginable.
Le baril de pétrole est au plus bas. Nous l'avons tous entendu lors de son entretien sur France 24, cela n'inquiète nullement Denis Sassou Nguesso. En tout cas, ce ne sont pas les morts qui viendront réclamer un salaire chaque fin de mois ! Embaucher les défunts a au moins cet avantage. Les retraités n'ont pas de venin ; les morts n'ont pas de voix car ils n'ont plus de bouche...
Nous avons déjà décrit comment il était possible avec une bonne base de données et un logiciel dédié de contrôler les entrées et les sorties de fonctionnaires et des agents de l'État à partir d'un intranet. On peut relier les morgues, les aéroports, les frontières et la fonction publique. La même base de données peut aussi gérer les naissances, l'entrée et la sortie des étrangers dans notre pays. Tout ça pour pas cher. Il suffit d'un bon serveur et de plusieurs ordinateurs reliés en réseau intranet et de bons programmeurs-développeurs de progiciels...
Denis Sassou Nguesso sait qu'au Congo, tout est possible parce que tout est permis : il n'y a aucune limite dans la magouille et dans la bêtise. Au pays où la honte a été assassinée, où le ridicule ne tue pas, on n'a pas d'état d'âme parce que l'État n'a pas d'âme à son sommet. Juste un monstre à visage humain.
MBUTA NE NKOSSI ZA MAKANDA,
LION DE MAKANDA,
MWAN' MINDZUMB'