COMMENTAIRE : Quand le gouverne-MENT congolais doit choisir entre la sécurité, la santé de ses concitoyens qui travaillent en mer pour les sociétés pétrolières parce que le coronavirus Covid-19 a décidé de venir humer l'air marin et la continuation de la production pétrolière, il choisit de poursuivre la production en banalisant la santé de ces concitoyens. C'est un scandale qui se joue en Haute Mer. Quelqu'un a décidé de parler pour que sa famille puisse porter plainte si l'irréparable se produisait.
Total qui veut arrêter la production de brut de pétrole pour nettoyer ses sites de heurte au refus du ndzokousaure de l'Alima. Pourtant, si le Covid-19 infecte tous les employés de Total et des compagnies pétrolières, la production va tout de même s'arrêter.
Voilà où nous mène l'appât du gain d'un pouvoir aux abois caractérisé par l'inhumanité, l'incompétence et la cupidité de ses membres. Le pire est peut-être à venir : si toute l'Amérique entre en confinement, le prix du baril de pétrole risque encore de chuter...
MBUTA NE NKOSSI ZA MAKANDA,
LION DE MAKANDA,
MWAN' MINDZUMB'
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Congo : L'épidémie de Covid-19 se répand à grande vitesse sur des sites de Total EP Congo
Tout a commencé quand le premier cas de Covid-19 a été observé dans le pays. La direction de la filiale avait dans un premier temps opté pour une suspension des relèves pour éviter un risque de contamination sur ses sites. Elle a finalement fait volte-face et poursuivi avec les rotations… La situation redoutée a donc fini par se produire. Sur l’une des rotations sur le site se trouvait une personne porteuse du virus. Celui qui est présenté comme le patient zéro est un agent de bureau Véritas qui dormait sur le site Likouf et travaillait sur un autre site Alima (Likouf possède une capacité d’hébergement supérieure à Alima). Notons que ces deux sites offshores sont opérés par total E&P Congo.
Le cas positif officiellement connu, il a été « descendu » (renvoyé sur terre) selon le jargon des « pétroliers » sans prendre de précautions particulières sur les agents restés sur les sites ni même avertir les autorités compétentes sur terre qui auraient pu prendre les dispositions appropriées.
Par la suite, 4 cas ont été déclarés sur Likouf puis 1 sur Alima. Puis encore 1 sur Likouf il n'y a pas plus d’une semaine puis 1 autre sur Alima. A ce jour nous comptabilisons 6 cas testés positifs sur Likouf et 2 sur Alima développzn les mêmes symptômes que leurs camarades.
La société Total a demandé à l'Etat congolais et à la société Chevron, partenaires sur ces sites, d'arrêter partiellement ou totalement la production le temps de désinfecter intégralement les sites contaminés. L’État congolais financièrement aux abois a opposé un refus catégorique à une interruption de la production. Ces sites sont une manne substantielle car ils représentent près de la moitié de la production du Congo (110.000 barils pour Likouf et 40.000 barils pour Alima). Le prix du baril de pétrole étant au plus bas, le gouvernement a fait le choix de privilégier ses recettes à la santé des travailleurs sur ces sites. L’hécatombe sanitaire annoncée depuis belle lurette a trouvé un allié institutionnel de taille.
L’Etat congolais détenant la prérogative d’effectuer des examens sur ses citoyens, l’entreprise pétrolière a par la suite demandé à dépister systématiquement tout le personnel sur site et ceux qui sont susceptibles de les remplacer. Là encore le gouvernement de Mouamba s’est opposé pour n’accepter de faire des prélèvements uniquement que sur les personnes présentant des symptômes du Covid-19, donc probablement déjà malades. Ces prélèvements ont été envoyés à Brazzaville et les résultats sont arrivés quelques jours après.
Les travailleurs qui sont sur sites et d'autres qui devaient descendre il y a une semaine ou dix jours sont retenus sur place et la grogne commence à monter. Certains sont à plus de 5 semaines sur les plateformes avec la peur d'être contaminés. Ceux qui sont à terre, en quarantaine (Total place ses agents dans des hôtels 14 jours avant d’aller offshore indifféremment du site et même sur les sites non suspectés d’être contaminés pour le moment, comme Djeno, Nkossa et Yanga), des sites touchés ne veulent plus y aller avec les dernières informations qui leur sont parvenues. De même ils ne veulent plus séjourner dans ces hôtels, même contraints, car le personnel de ces hôtels vient de l’extérieur et est susceptible d’avoir eu des contacts à risque et de les contaminer dans cette vraie fausse quarantaine où l’isolement n’est pas garanti. D’autant plus qu’un individu sain en apparence peut porter le virus du Covid-19 pendant 14 jours et être contagieux.
Compte tenu du refus de l'Etat congolais de désinfecter les sites touchés et de Total qui a le devoir de protéger les travailleurs comme défini dans sa charte H3SE, un employé de l’entreprise a préféré rendre ce scandale public. Il a manifesté le désirer d’informer ses parents, amis et connaissances pour que, si les choses tournent mal pour sa santé ou celle de ses collègues, ils soient en mesure de poursuivre l'Etat congolais et la société Total. La situation sera très vite hors de contrôle avec le nombre de cas contaminés et l’augmentation exponentielle de nouveaux cas. Le dernier contaminé sur le site Likouf et testé positif est un cabinier (un agent préposé à l’entretien des chambres).
Aujourd’hui les travailleurs poussés dans leurs retranchements appellent les syndicalistes et Total à prendre leurs responsabilités avant qu’ils n’exécutent des solutions radicales.
Bulukutu Dia Tiya
PS : On annonce à la rédaction de Congo Morning le décès de Michel « Demicho » pour les intimes, un autre agent du bureau Véritas qui était en contact avec le premier agent bureau Véritas touché (patient zéro Likouf et Alima).