Au Congo, l'ouverture d'une session judiciaire ne signifie que ceci : l'injustice s'apprête encore à frapper au travers d'une parodie de justice. Il n'y a pas de vraie justice sous dictature. La dictature,c'est du terrorisme d'Etat sur son propre peuple exercé par un monarque absolu qui ne supporte pas la concurrence, encore moins les protestations. A une arrestation arbitraire ne peut correspondre qu'une sentence arbitraire dictée par le roi Denis Sassou alias Nguesso qui doit distraire son peuple pour qu'il évite de fulminer "la rupture" qui ne rompt ni avec le gangstérisme politique, ni avec la barbarie, encore moins les détournements de denier public.
N'est-ce pas pour cela que le gang des barbares de l'Alima a conquis l'Etat du Congo-Brazzaville ?
Sassou, le pigeon voyageur de la mendicité d'Etat, est revenu bredouille de l'Arabie Saoudite : avec lui, il prend mais personne n'est plus sûr qu'il remboursera. Chaque fin de mois devient une vraie jonglerie. Il n'ignore pas que les Congolais de tous les bords savent que la vraie rupture, c'est lorsque les finances de l'Etat ne pourront plus du tout faire face aux salaires des serviteurs de l'Etat. Suffise que la soldatesque ne reçoive plus son pécule pour que le pouvoir devienne instable, incertain.
Sassou n'exerce le pouvoir que pour durer. Il ne connaît qu'une seule politique : la conservation du pouvoir. Avec Okombi Salissa et Mokoko, Sassou casse déjà du nordiste, en fait depuis le cas Ntsourou. S'il doit casser du mbochi pour demeurer au sommet de l'Etat, il n'hésitera pas. D'abira est un exemple pour les autres. Peut-être que Nianga Mbouala suivra. Le cobra attend toujours le meilleur moment pour frapper.
Pendant que les avocats fourbissent leurs plaidoiries, la Bête de l'Alima pense déjà à la prochaine élection présidentielle. Il tient le Général Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa et il est à peu près certain qu'ils croupiront en prison jusqu'à la fin de la prochaine élection présidentielle. Trop heureux de se débarrasser de deux candidats redoutables qui lui ont fait mordre la poussière, le monstre de l'Alima va tout faire pour les maintenir au cachot, question de n'avoir comme adversaire que le fils de Koumbi Nzila, Guy Brice Parfait Kolélas, qui sait transformer ses victoires électorales en défaites - en acceptant de se coucher - sans discuter ou marmonner. C'est qu'il y a risque d'un soulèvement avec des contestataires comme Mokoko ou Okombi. Une fois, ça passe mais la seconde fois, ça risque de casser.
Au nord, même les berges de l'Alima grondent et mugissent de colère. Autour des plats de ngoki, on rumine, on boude mais avec retenue. Sassou ne respecte plus l'immunité tribale accordée aux membres de l'ethnie-Etat - alors que ses rejetons ont ruiné le pays. Même s'il n'est pas pressé de passer sous fourches caudines du FMI, Sassou essaie de livrer à la vindicte populaire du menu fretin comme Didier Elongo. Le trou dans le coffre du Trésor public est abyssal. Il faut donner un os en pâture au peuple.
Du côté politique, Sassou surveille ses proches. Judas n'est jamais loin de vous. Tout le monde est surveillé. Même les espions qui espionnent sont à leur tout espionnés. La sûreté de l'Etat n'est plus aussi sûre car nombreux sont jugés pour atteinte à la sûreté de l'Etat comme Mokoko, Okombi, Paulin Makaya, parmi tant d'autres. L'Etat se sent menacé par des kalachnikovs imaginaires, des fourchettes de cuisine et même des mots ! Oui, des mots ! Des équipes spéciales du régime écument les réseaux sociaux pour lire les mots qui tirent des salves d'insultes et de critiques sur le régime. Des cabinets d'avocat lancent des mises en demeure que les fous du roi n'entendent même pas.
Atteinte à la sûreté d'Etat. Comment est-ce possible dans un Etat où la sécurité est une priorité ? Comment peut-on attenter à la sûreté de l'Etat là où même les cafards et les fourmis sont surveillés ? Si les intentions pouvaient renverser la dictature, il y a longtemps que la sûreté de l'Etat aurait été poignardée en plein coeur. De face. Pas dans le dos. La kalachnikov tient en respect toute la révolte des quatre points cardinaux.
Le problème, c'est que l'Etat congolais n'est pas sûr - surtout pas pour lui-même : personne ne lui fait confiance et il existe des créanciers qui menacent. Pas seulement avec des mots. Si Denis Sassou alias Nguesso est passé maître dans le bricolage quotidien avec pirouette salariale mensuelle, il sait qu'il ne pourra pas toujours piocher dans ses économies personnelles.
Quoi qu'il en soit, l'Etat est le seul endroit sûr ou les rats ne pourront pas tenter de dévorer l'éléphant. Au sommet, la solitude du pouvoir rassure, c'est sûr. Hors du pouvoir, point de salut. La haine cache dans son dos des kanifs douk-douk. Pourtant, avec les procès injustes et toutes ces doses quotidiennes, la haine s'ajoute à la haine et le temps charrie tout cela vers l'incertitude. Tant que la milice ethnique le soutiendra, c'est-à-dire, tant que les caporaux-chefs Ferdinand Masson pourront manger leur moungouélé, le pouvoir tiendra. Les vents du sud ont été domestiqués. Restent les vents du nord, si proches. Ils ont une place jusqu'à la prochaine élection présidentielle à un tour : en prison. A défaut de vous corrompre comme Tsaty Mabiala ou de vous liquider comme certains Généraux, vous êtes livrés à la merci des moustiques de la Mfoa. Sous la dictature, rien n'est sûr ; la justice surtout....
NKOSSI NGOMBULU ZA MKANDA,
LION DE MAKANDA,
MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU