Demain 19 décembre 2016 s'achève constitutionnellement le mandat de monsieur Hyppolite Kanambe alias Joseph Kabila à la tête de l'Etat de la République Démocratique du Congo. Cependant, Kabila, le cheval de Troie de Kagamé, n'aura pas de successeur pour ne pas avoir organisé l'élection présidentielle dont aucune date n'est indiquée jusqu'à nouvel ordre. En RDC, la consultation du peuple a été renvoyée sine die aux calendes grecques. C'est une nouvelle variante que nous observons après le changement inconstitutionnel de constitution en république du Congo ou un troisième mandat inconstitutionnel - sans modification de la constitution au Burundi de Pierre Nkurunziza ou le récent refus du verdict des urnes par le président gambien sortant battu. La marche de l'Afrique vers la démocratie - surtout en Afrique centrale - est un véritable chemin de croix. Les dictateurs tels des ténias s'accrochent mordicus au pouvoir et en face, les peuples ne font pas le poids. Ailleurs, en Afrique du sud, au Bénin, au Burkina ou au Ghana, les choses se passent un peu mieux, la volonté des peuples étant respectée. Cependant, rien ne nous dit qu'on ne fasse pas ici ou là un pas en arrière. La question du mode de gouvernance dans la stabilité et le respect des urnes se pose comme un sortilège que nous ne parvenons pas à désenvoûter.
Franchement, l'Afrique est le continent de la démesure. Comment comprendre qu'en Gambie un président sortant battu refuse de quitter le pouvoir ? Comment expliquer que la force dite publique continue à lui obéir - comme si un seul homme pouvait terroriser toute une force publique ? Etrange et choquant. Le monde dit civilisé risque de se faire à l'idée que les Noirs sont incapables d'accéder à la démocratie et à se gouverner dans la dignité du respect de la loi. Or sans gouvernance politique digne de ce nom, pas de développement possible. Si nos propres compatriotes nous dominent, nous écrasent, comment se plaindre encore quand l'étranger vient nous piétiner ? Nous, Khamites, donnons à la face du monde l'image d'une race prédisposée à la soumission. Et cette situation est sociologiquement intéressante à analyser. Avons-nous vraiment conscience d'avoir des droits et des devoirs ? Si oui, pourquoi ne les défendons-nous pas ? Nous indignons-nous vraiment face à l'injustice, l'arbitraire et les violations des droits de l'homme ? Si oui, pourquoi ne renversons-nous pas les impostures ? Les dictatures qui hypothèquent l'avenir de l'Afrique tout entière ? Tenons-nous vraiment à la vie dans la dignité ? Si oui, pourquoi acceptons-nous de vivre dans la misère établie par des régimes qui ne nous respectent pas comme si la colonisation continuait - alors qu'on nous dit indépendants ? Pourquoi acceptons-nous qu'on nous massacre - sans rien faire ? Il est connu qu'une armée ne peut pas vaincre un peuple. Alors, pourquoi n'agissons-nous pas ? La psychologie du Khamite reste une énigme car sa capacité à endurer l'inacceptable est incroyable - comme s'il était programmé a souffrir de toute éternité. Il a fallu que l'esclavagiste abolisse l'esclavage pour qu'il prenne fin et il a fallu qu'on nous donne nos pseudo-indépendances - pour qu'on chante indépendance cha cha. Or, les dictateurs ne veulent pas nous donner la démocratie. Faudra-t-il que l'on vienne d'ailleurs pour nous imposer la démocratie ? Un jour, ils pourront décider de nous coloniser à nouveau pour incapacité à se gouverner dignement. Ce n'est pas une blague, je vous assure !
Assurément, devenir un pays démocratique, ça se mérite. En Europe, ils sont passés par la révolution. Frères Khamites, sommes-nous capables d'ourdir une insurrection généralisée ? Une révolution ? De nous lever pour renverser l'injustice et l'arbitraire établis ? Si oui, qu'attendons-nous pour le faire ? Si non, pourquoi nous plaignons-nous encore ? Quand comprendrons-nous que nous vivons dans un monde où il faille opposer le droit au droit ? la force à la force ? La violence légitime à la violence illégitime ? Nous vivons dans un monde où les faibles et les lâches sont asservis. C'est encore et toujours la loi du plus fort. Il y a un lâche attachement du "nègre" à la vie qui lui fait accepter même la pire des conditions sociales - là où l'Occidental se révolte facilement. Il faudra bien un jour qu'on accepte de mourir pour un idéal de liberté et de démocratie - si on ne veut pas être des esclaves éternels. Ceux qui vivent à nos dépens ne feront rien pour délier nos chaînes.
Que va-t-il donc se passer demain en RDC ? Les Belges ont demandé à leurs ressortissants dont la présence dans ce pays n'est pas nécessaire de quitter le pays. Nous sommes en face d'un déni de démocratie doublé d'une violation de la constitution. Un homme au sommet de l'Etat défie tout un peuple. Il a l'avantage d'avoir la force armée d'Etat (et non la force publique) avec lui. Dans la mesure où il s'est assuré de se maintenir au pouvoir en cas de non organisation de l'élection présidentielle, Joseph Kabila peut estimer en imposer à nos frères d'en-face. Il y a trois réactions possibles : celle de la force publique, en fait, la force d'Etat, celle de l'opposition et celle du peuple. Infiltrée par les Rwandais dont Kanambé est le cheval de Troie, la force publique, en fait, la force d'Etat, a déjà choisi son camp : celui du dictateur. A moins d'un retournement. Quant à l'opposition, elle peut pousser le peuple dans la rue ou parlementer dans un dialogue qui ne servira à rien. Si elle pousse le peuple dans la rue, il y aura une confrontation entre les mercenaires de Kabila et les jeunes de la RDC. Il s'agira de mener le combat jusqu'au bout. Il se peut aussi que le peuple se soulève partout sur toute l'étendue du vaste territoire de ce pays. La situation pourrait vite devenir intenable.
Nous sommes en face d'un dilemme : que doivent faire les peuples face à des dictatures qui refusent de céder la place à la démocratie ? Les peuples africains ne peuvent pas réclamer la démocratie, prétendre en avoir droit et croiser les bras quand les dictateurs les narguent. Il arrive un moment où les mots ne suffisent plus. Défiés, les peuples d'Afrique doivent relever le défi et affronter les dictateurs. S'ils osent relever le challenge, il est à peu près certain que dans la durée, ils tiendront et remporteront la bataille.
Comment réagir quand on ne respecte plus la loi, la constitution d'un pays ? Se contenter de se plaindre ? L'histoire enseigne que les mots ne sont pas la réponse appropriée. Il faut sortir dans les rues et renverser la dictature. A la violence d'Etat doit répondre la violence du peuple. Face à une violence illégitime, il faut opposer une violence légitime - d'autant qu'au nom de la non ingérence, aucun pays dit civilisé ne viendra au secours d'un peuple bafoué, les dictateurs africains étant les valets des puissances mondiales.
C'est le tour de la RDC en Afrique centrale. Au Congo, au Burundi et au Gabon, les peuples ont échoué à faire valoir leurs droits. Espérons que demain les Congolais démocratiques vont faire l'histoire en remportant une victoire sur une dictature animée par le premier Rwandais du Congo. Si les millions de Congolais habitant Kinshasa se soulèvent tous ensemble, quelle armée pourrait les arrêter ? Il va bien falloir que les Africains apprennent à combattre et à mourir pour un idéal. C'est la condition sine qua none pour chasser les dictateurs. On ne peut pas vouloir de la liberté et de la démocratie et refuser d'en payer le prix. C'est peut-être cette démission populaire observée ici et là qui encourage les dictateurs à poursuivre le gangstérisme d'Etat.
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU