Actuellement, de nombreux Congolais ont quitté l'Hexagone pour passer les fêtes de fin d'année au Congo. Certains en reviennent. Ils nous informent sur l'ambiance qui prévaut au Congo. Une tendance s'observe : tous disent que le pays va mal. Ce n'est pas nouveau. Cependant, le mal empire en se muant en malheur général de tout un peuple. Certains présagent que 2017 sera une année difficile, plus difficile que 2016. Ce n'est pas plus la dictature en elle-même mais surtout la morosité économique due à la faillite de l'Etat qui frappe les esprits. "Même l'immeuble du PCT est inachevé", me dit un aîné qui revient de Brazzaville. On pourrait bien imaginer que sa construction soit achevée avant le prochain congrès du Parti Congo des Tueurs Tricheurs prévu en 2017.
La difficulté doit s'entendre d'abord sur le plan économique et financier. Le fait que le Congo, jadis prompt à "prêter" à qui voulait se renflouer les caisses, emprunte sur les marchés obligataires de la CEMAC, fait craindre que le pays ne parvienne plus à payer les salaires en 2017. Désormais, Denis Christel Sassou Nguesso tiendrait les cordons de la bourse, Jean Jacques Bouya ayant trop détourné, à ce qu'il paraît. Celui qui joue au Monopoly avec des vrais billets de banque n'est pas mieux loti sur ce terrain. Il faut assurer le train de vie de l'Etat et payer les soldats et les mercenaires étrangers. Une rumeur circule que les mercenaires ukrainiens qui pilotent les hélicoptères de combat du régime n'auraient pas été payés. Sans émoluments, ils nous massacrent nos compatriotes à l'oeil ! Une mort de masse pour même pas un rond...
Le génocide du Pool dure depuis neuf mois maintenant. Nous avons appris que ce sont les soldats du régime venu du bord de l'Alima qui auraient détruit les ponts dans le Pool, déjà qu'ils jouent au ninja-nsiloulou. La situation du Pool est partie pour durer. Il paraît que la présidence de la république avait eu vent de la présence de Ntumi à un endroit précis mais quand les mercenaires sont arrivés sur les lieux, ils n'ont trouvé que des tentes et des ustensiles de cuisine. Kinzinza kia Nzambi s'était déjà envolé - certainement alerté par des complices au sein de l'armée. A l'heure du sms et du téléphone portable, les nouvelles vont vite.
On ne chasse pas que du Ntumi au Congo puisqu'on chasse aussi du fonctionnaire. Ce que l'Etat économisera en fonctionnaires fictifs pourrait servir à poursuivre le massacre d'innocents dans le Pool. Cette affaire, ce génocide des Bakongo, sent mauvais car elle pourrait conduire à des poursuites pénales imprescriptibles pour crimes contre l'humanité - même si Sassou et ses Généraux se préservent de donner des ordres écrits. En attendant, les jeunes de Tsambitso, à ce que dit la rumeur, ne veulent plus aller au front. La hiérarchie militaire va les prendre à domicile, à ce qu'il paraît. Du coup, ils ont déserté leurs domiciles et font l'armée "buissonnière".
Sassou sait que sa "faiblesse publique" quand bien même fortement ethnisée - ne le porte plus dans son coeur - puisqu'elle a massivement voté pour le Général Jean Marie Michel Mokoko. En désarmant les casernes pour armer les mercenaires et la garde républicaine, le monstre de l'Alima crée une scission au sein de l'armée. Il est donc normal qu'il redoute un coup de force. Il faudra pourtant capturer le pasteur à la kalachnikov expert en camouflage et en déplacement furtif avec l'aide de cette armée-là. On l'aurait arrêté au pont du Djoué mais des officiers de haut rang auraient ordonné de le laisser filer. Une rumeur difficilement soutenable et très peu crédible mais au Congo, rien n'est impossible. Autant de rumeurs qui renforcent la défiance de la Bête d'Edou à l'égard de ses Généraux.
Il y a la politique, l'Etat, l'économie, la violence d'Etat. Au centre de tout cela, il faut l'argent qui seul peut tenir les esprits et pousser à l'obéissance aveugle. L'argent n'est pas seulement le nerf de la guerre car il est aussi le ciment de toutes les magouilles qui ne peuvent pas perdurer sans lui.
Il faudra réconcilier les crocodiles du PCT qui ne sont pas prêts de payer le prix fort demain à la place du grand ndzokou - qui finira bien par tomber un jour. Ca promet un congrès riche en frictions - surtout si Denis Sassou Nguesso veut absolument que son fiston Kiki s'empare de la direction du parti.
Si l'ethnie-Etat sait si bien jouer au chat en retombant toujours sur ses pattes, il faudra plus d'acrobaties sur le plan économique - car l'argent, il faudra bien le trouver quelque part - puisque la cigale Sassou a tout dépensé. Le Congo est un PRTA : Pays Riche Très Appauvri. Le pays risque à nouveau de tomber sous la coupe réglée du FMI. En attendant, avec les beaux restes des nguiris, on peut encore se permettre d'organiser une fête à Oyo pour son nouveau membre d'honneur, Justin Koumba.
Au pays du bricolage politique au quotidien, mikolo nionso fêti na fêti mais un jour on finit par se réveiller avec la gueule de bois. Il n'est plus juste question de conserver le pouvoir mais aussi de sauver l'Etat en faillite. Ce qui signifie que le danger pour la Bête de l'Alima, ce n'est plus simplement le peuple ou l'opposition mais ceux qui le gardent et qui sont debout derrière son dos...
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU