La mémoire de mes jets me permet de rappeler aux Congolais des propos écrits dans d'autres circonstances comme : "Même si un cabri chassait Denis Sassou Nguesso du sommet de l'Etat, le peuple applaudirait le cabri". Mes mots et expressions reviennent : "La force ne respecte que la force" car c'est le seul langage qu'elle comprend. Et j'ajoute aujourd'hui : "Lorsque l'illégitimité et l'illégalité ont pris le pouvoir en violant le droit, il devient légitime et légal de violer le droit pour rétablir la loi en reprenant le pouvoir du peuple". Le 9 janvier 2016, à l'assemblée nationale française, j'ai enfoncé le clou en assénant : "Il est venu par les armes ; il ne partira que par les armes". Ils le disent eux-mêmes : "To zuaki na minduki, to kozonguissa na minduki". L'histoire et les événements montrent qu'il n'y a aucun autre moyen, vu la faiblesse insurrectionnelle populaire, que la force pour chasser Denis Sassou Nguesso et ses crocodiles tueurs du PCT. Nous avons essayé la légalité de la voie électorale mais celui qui méprise la loi, monsieur 8%, a transformé sa cuisante défaite en victoire. Que celui qui peut armer un bras sauveur du peuple, le fasse car nous avons trop attendu. Près de vingt ans, c'est trop !
Que l'ancien ministre Benoît Koukébéné l'ait compris est une bonne chose. Certains de mes amis qui m'ont envoyé la copie du contenu de sa lettre à François Hollande me disent que ce n'est pas la première fois que l'homme menace le régime de Brazzaville. Et nous savons qu'il en a les moyens : il peut joindre l'action à sa parole, à ses promesses. Annoncer avec fracas une telle intention à François Hollande, c'est faire preuve de témérité ; nous aurions préféré la discrétion et la surprise - mais si on ne peut rien faire au Congo sans mettre l'Hexagone au courant... Si cette promesse n'est pas suivie d'effet, que Benoît Koukébéné se taise à jamais.
Derrière les mots-promesses, le peuple souhaite des actes-accomplissement. Nous ne souhaitons pas savoir comment il va s'y prendre dans quelques mois comme il le promet mais qu'il le fasse car la souffrance du peuple a atteint un point de gravité exceptionnelle. Benoît Koukébéné doit tenir ses promesses à l'égard du peuple qui lui a donné la vie - d'autant qu'il les profère en toute liberté, en ayant la plénitude de ses moyens intellectuels, mentaux, psychiques et physiques comme en témoigne sa missive au président français François Hollande. Le peuple n'a pas eu besoin de le supplier ; il est seul avec sa conscience et ses milliards et personne ne l'a pas forcé à rendre publique cette correspondance - si tant qu'elle est authentique. En face, quand Denis Sassou Nguesso crache une promesse violente, avant que sa salive n'ait touché terre, la promesse - violente - est accomplie par ses serviteurs, les dévots du diable. Cette menace de plus ne doit pas être une intention en l'air. Si au lieu d'applaudir un cabri, nous applaudissions un homme, qui ne le ferait pas ! Qu'il plaise donc à monsieur Benoît Koukébéné de ne pas dévaluer ses promesses, sa parole, une parole donnée à tout un peuple dont le dernier messie croupit en prison - faute d'avoir été crucifié. Lui au moins a eu le mérite de s'opposer ouvertement, frontalement, en ne reconnaissant pas la fausse victoire de monsieur 8%, préférant la prison à la trahison du peuple. Il est encore temps que Koukébéné prenne la place messianique qui reviendra au sauveur du peuple congolais. Si tant que nous ayons besoin d'un messie incarné dans une seule personne, un seul individu car comme je l'ai dit :
" LE MESSIE, C'EST TOUT LE PEUPLE CONGOLAIS..."
Il se peut que je me sois trompé. Et comme j'aimerais que Benoît Koukébéné me fasse mentir !
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU
Monsieur le Président,
Au lendemain de la dernière Conférence des Ambassadeurs organisée avant la fin de votre mandat et dans un contexte africain marqué par la crise post-électorale du Gabon, j’ai le devoir de m’adresser à vous, encore une fois, au sujet de la crise que connaît la République du Congo.
Ce pays, qui est aussi le mien subit, depuis de nombreuses années, le joug d’une odieuse tyrannie laquelle ne repose plus que sur la violence politique et l’emploi inconsidéré des armes, après les élections tronquées du 20 mars 2016.
Si ce régime était déjà un non-sens historique, désormais, aux yeux du monde, il n’a ni légitimité ni légalité. Cependant, il se maintient. Et la stratégie du tyran de Brazzaville tient sur un double ressort. Tout d’abord, croire et attendre l’alternance politique en France en mai 2017, avec l’arrivée espérée de la Droite française au sein de laquelle il dit compter d’éminents soutiens. Ensuite, faire croire aux chancelleries qu’il est le garant de la stabilité en Afrique centrale. Aussi propose t-il ses « bons offices » à l’occasion de toutes les crises qui surviennent dans cette région. Il escompte un statu quo qui tournerait à son avantage.
Hannah Arendt a raison d’affirmer que les régimes totalitaires s’appuient sur un homme et s’écroulent lorsque celui-ci prend la fuite.
Dans peu de mois, par la force, puisqu’il ne peut en être autrement, je mobiliserai les dignes fils du pays pour faire partir du pouvoir le tyran de Brazzaville. Nous ne sommes pas des tyrannoctones. Le libre exercice de son droit de fuite lui sera donc laissé. J’y veillerai personnellement.
De même, je puis vous assurer que la communauté française vivant au Congo Brazzaville sera protégée ainsi que les intérêts des firmes françaises.
La France libre et le Congo Brazzaville partagent une belle histoire. Puisse cela continuer.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’expression de ma très haute considération.
Benoît KOUKÉBÉNÉ