En Afrique, la démocratie ne peut vraiment se contenter d'organiser les élections. Faille-t-il encore avoir des institutions démocratiques, soit des institutions contrôlées par le peuple et là, c'est cause perdue en Afrique. Qui tient les institutions sous sa coupe manipule la "démocratie" qui se résume à une farce qu'on impose de force au peuple. La farce est une simulation mensongère et une manipulation de la réalité que l'on substitue à cette dernière en la présentant comme véridique au travers notamment des médias aux ordres du système. Après tout, la force peut même refuser de jouer à la farce comme le fait actuellement Kabila. Avec des institutions dictatoriales ou au service de la dictature, quand vous jouez à la démocratie, vous introduisez une élection et des votes, il en sort toujours un dictateur et une dictature. Ainsi est programmé le jeu. Ce ne sont pas les électeurs qui font les rois puisque les rois font la loi.
Ali Bongo Ondimba est réélu. On s'y attendait. Des connaissances proches du régime m'avaient averti que tout avait été scellé pour qu'il reste sur le trône. Madame Mborantsuo a dit qu'il était rare qu'une cour constitutionnelle invalide la décision du ministère de l'intérieur. Au Gabon, il n'a pas eu d'exception qui confirme la règle. Règle absolue, rigide. Mieux : Ali améliore son score avec 50,66% des voix.
Nous avons suivi très tard la séance publique de la cour constitutionnelle gabonaise en direct sur une chaîne africaine. Le Haut Ogoué est revenu à des proportions démographiques très honorables avec 70.000 électeurs. Pour qu'Ali gagne, la cour constitutionnelle a accédé à sa requête d'annuler le scrutin dans plusieurs bureaux de vote de Libreville ! Ainsi, le tour était joué.
Ali appelle les autres candidats au dialogue. Sur quoi ? L'armée est prête à contenir toute insurrection populaire. Le clan Bongo aurait tenu une réunion avec la présidente de la cour constitutionnelle au cours de laquelle il a été décidé de maintenir la victoire - quitte à sacrifier quelques milliers de vies. La colère des Gabonais, s'il en est, ne dépassera pas les deux semaines.
La grosse question reste la suivante : comment va réagir le camp Ping qui a échappé à une inéligibilité de dix ans demandé par Ali Bongo mais refusée par la cour ? Va-t-il accepter le hold-up comme le fit feu Maboundou ? Les mercenaires sont sur le pied de guerre. La force est prête à imposer la volonté du roi. Les Gabonais sont forcés de consommer du Bongo jusqu'à l'indigestion. Après Ali, son fils. Ainsi se consolide un pouvoir dynastique sur des siècles. La dictature devient en Afrique une autre forme de la royauté, une royauté qui ne s'avoue pas comme mode de gouvernance.
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU