En regardant ce selfie de maître Ibouanga, j'ai éprouvé de la peine. L'image du Général Jean Marie Michel Mokoko amaigri parce que certainement mal nourri ou peut-être déjà empoisonné m'a donné les larmes aux yeux. Son regard trahit le manque de sommeil ou du moins un sommeil de mauvaise qualité. C'est un homme visiblement fatigué, éprouvé dans sa chair par les conditions carcérales les pires au monde et peut-être par la maladie. Sassou a emprisonné l'espoir d'un peuple. Oui, au Congo, de façon générale, l'espoir est en taule. Seul le crime est en liberté.
Le Général Mokoko est un soldat. Un homme paré à supporter tous types de tortures, un esprit capable d'endurer n'importe quel environnement. On aurait pu croire que son rang ferait qu'il soit logé à une meilleure enseigne mais c'est sans compter sur l'esprit revanchard de Denis Sassou Nguesso qui veut briser l'homme qui a eu le toupet de le battre à une élection présidentielle en le critiquant au passage. Le Général Jean Marie Michel Mokoko frise les soixante-dix ans. Il n'est plus dans la force de l'âge. Tout pour lui se joue certainement au mental. Hélas, plus il passera du temps dans ce nid à germes pathogènes qu'est la prison, plus son espérance de vie se réduira. Les prisons au Congo sont des mouroirs à petit feu. On y entre humain ; on en sort zombie.
A croire le symbole du Christ, tout semble dire que personne ne peut sauver un Messie sur cette terre face aux pesanteurs méphitiques du MAL. Le Général Mokoko a été abandonné par les signataires de la Charte de la Victoire laquelle prévoyait qu'à l'arrestation d'un des signataires de ladite charte, tous les autres se constituaient prisonniers. De même que le Messie fut abandonné par ses disciples, de même le Général Jean Marie Michel Mokoko est abandonné par la plateforme FROCAD-IDC impuissante.
Loin de moi l'esprit de fanatisme, moi qui n'ai qu'un seul parti : le peuple. Un peuple au nom duquel on rend la justice en république. Une vraie république. Nous, au Congo, nous sommes en dictature. Quoi que l'on reproche à cet homme, à tort ou à raison, l'assassiner à petit feu est un crime contre l'humanité. Le Lion De Makanda est un fils de la nature, de la grande forêt équatoriale qui lui a communiqué le goût de la liberté. La liberté, le premier trésor de l'existence, de la vie, de l'homme. Même la démocratie est fille de la liberté car elle n'est que liberté de choisir et garantie des droits et des devoirs qui s'en suivent. Toute dictature est un viol de la liberté, de la vie par les forces de mort.
Si le Général Jean Marie Michel Mokoko ne s'était pas présenté au scrutin présidentiel du 20 mars 2016, sa vie serait bien différente aujourd'hui. Il a entendu l'appel du peuple, un peuple qui se tait aujourd'hui, impuissant face à une redoutable machine de mort. Quiconque manifeste de l'intérêt pour le pouvoir suprême au Congo se dresse en rival de Denis Sassou Nguesso, lui, le seul mastodonte, le seul attritré à être le roi du Congo.
Que les soldats de la république regardent cet homme, un des leurs, un frère d'armes, dont le seul tort pour le moment est d'avoir été plébiscité par une grande partie des électeurs. Qu'ils le regardent droit dans les yeux et qu'ils se disent qu'il leur revient de sauver le soldat Mokoko, de le sortir des griffes de la mort. Non, ce n'est pas au peuple de le faire, son rôle est de choisir. Il l'a fait. Son choix a été floué. Par la force des armes. La solution n'est plus au niveau du peuple à moins qu'on veuille que les mercenaires étrangers face une boucherie de nos compatriotes comme ils le font au Pool. Il a dit que celui qui tue par l'épée meurt par l'épée - même si de nombreux criminels meurent de mort naturelle. Nous croyons que ce qui est né par les armes ne peut périr que par les armes.
Les faits nous le disent chaque jour que Denis Sassou Nguesso détruit notre pays. Qu'enfin la force soit au service du peuple et de la liberté. Nous avons la faiblesse de croire qu'au fond de nos soldats, même des miliciens de Sassou, il reste encore un peu de grandeur humaine, de courage et de sens de la justice.
Soldats du Congo, ceux qui vous ont mis au monde vous regardent. A vous de mériter le droit et l'honneur d'être considérés comme des soldats de la république, des soldats du peuple et non des bourreaux du peuple qui vous a donné la vie - parce que vous obéissez aveuglément à un monstre. Quel drame de voir un soldat tourner son arme contre son propre peuple. Nous, le peuple, vous demandons de délivrer le Congo, vous qui protégez le crime et le vice au pouvoir.
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU