David, bouéhi. Qu'ont-ils fait à notre peuple pour qu'il ne réagisse pas comme il se devrait ? A-t-il peur ? N'est-il pas assez conscient de ses droits ? Est-il affaibli ? Faible ? Divisé ? Envoûté ? Tétanisé ? Attend-il la bonne occasion pour sortir de sa léthargie ? Attend-il l'homme providentiel ? N'a-t-il pas compris que son inaction mettait en péril l'avenir de tout un pays ? Manque-t-il de meneur d'hommes pour le conduire à la victoire ? Ce qui est en jeu ce ne sont pas nos petites personnes mais l'avenir de tout un peuple et même les 8% qui défendent Denis Sassou Nguesso ne l'ont pas encore compris. S'ils le comprennent, ils le lâcheront. Il n'y a pas assez de richesses au Congo pour satisfaire la cupidité de tous les 8% qui soutiennent Denis Sassou Nguesso.
Une élite de l'opposition doit prendre le contre-pied du système dictatorial qui étouffe le pays pour provoquer le soulèvement populaire. Cette élite doit sortir du peuple et non d'en-haut si on veut qu'elle soit véritablement en symbiose avec celui-ci. Nos opposants intérieurs actuels ont pour la plupart été à mauvaise école et quand on plonge longtemps dans la noirceur, même lorsque qu'on se drape dans la pure blancheur, il reste toujours un peu de noirceur. Et notre problème est de ne pas être capable de produire des leaders qui ne sortent pas du canevas PCT. Tous ceux qui chassent l'éléphant aujourd'hui et qui sont en première ligne doivent quelque chose à la bête qu'ils prétendent éliminer du paysage politique. Il faut reconnaître qu'aller à la chasse avec une dette morale envers la proie est un grand handicap. Je n'ai donc pas été étonné de voir que certains ont jeté la sagaie très tôt. Les Tsaty Mabiala du Congo sont nombreux et il nous faudra d'abord les repérer et les écarter. Je l'ai dit : notre problème est dans la qualité de nos hommes politiques. Cependant, nous ne désespérons pas que l'opposition intérieure se départisse de ses freins pour engager un vrai combat à mort avec ce régime. L'éléphant joue sa vie et l'a mise entièrement dans la balance. Si en face, il n'y a pas la même détermination, le combat est inégal et perdu d'avance.
J'ai la faiblesse de croire que si un homme se lève et prend son destin en main en secouant le peuple, ce dernier va le suivre. Hélas, notre opposition joue à la démocratie, au respect des lois, là où la dictature ne respecte rien et livre une vraie guerre. Si vous n'êtes pas convaincus de ce que je dis, pensez juste au Pool où des hélicoptères de combat bombardent même des vaches.
Il y a des techniques pour provoquer le soulèvement d'un peuple. Hélas, je ne peux pas les décrire ici. Pour avoir été dans la forêt avec l'éléphant, ils connaissent la bête et son système. Ce n'est pas un avantage négligeable. Il faut juste qu'ils arrêtent de faire de la politique administrative là où Denis Sassou Nguesso leur livre une vraie guerre. Et à la guerre, la vraie, il n'y a pas de règles : on triche, on trahit, on tue, on manipule, on ment, on prévoit, on attaque par surprise. Tant que l'opposition actuelle ne comprendra pas cela, l'éléphant aura encore de beaux jours devant lui - sauf si la forêt ne lui donne plus rien pour satisfaire sa gloutonnerie. Comment peut-on être légaliste quand en face l'autre est hors-la-loi avec l'avantage de faire la loi du plus fort ? Certes, il faut puiser la bonne énergie dans la démocratie et la justice mais question méthode, il faut arrêter de respecter la loi, de demander des permissions pour ceci ou cela. Il faut entrer en résistance et la résistance appelle la clandestinité. On parle avec des actions appelées SABOTAGES. On l'a vu en France lors de l'occupation allemande. L'OPPOSITION DOIT CEDER LA PLACE A LA RESISTANCE. POUR CELA, LES LEADERS DOIVENT SORTIR DE LEUR ZONE DE CONFORT ET DE PLAISIR AU QUOTIDIEN.
Il faut, face à un hors-la-LOI qui fait la loi du hors-la--LOI, devenir soi-même un hors-la-LOI pour restaurer la LOI. Même Moïse a brisé les tables de la loi que Dieu avait soi-disant écrites de sa main face à la corruption de son peuple qui avait sombré dans le péché. Vous vous rendez compte ? Briser les tables de la loi écrites de la main de Dieu ? N'est-ce pas là un geste de hors-la-loi ? Et ensuite, n'a-t-il pas sévi au sein de son peuple ? L'opposition doit repenser sa stratégie.
Un peuple est comme un enfant qu'il faut amener à l'âge adulte par l'éducation, la culture, la socialisation. Autrement, il reste à l'instinct de troupeau sans maître, totalement désorganisé et incapable de se défendre. Le hic dans notre système commence par la production des leaders de l'opposition qui ont de liens multiples avec la gent qu'elle prétend combattre : affinités ethnique, régionale, villageoise, professionnelle, matrimoniale, amicale, ésotérique, occulte. Certains partagent même des secrets de détournements et de violations de la loi avec ceux qu'ils prétendent combattre. Disons-le de façon proverbiale : ceux qui incarnent les chasseurs ont été longtemps les amis de l'éléphant. Il faut craindre que ce qu'ils nous présentent comme une chasse au mastodonte ne soit en fait qu'un jeu. Par contre, l'éléphant ne joue pas : il écrase tout sur son passage et ne se donne comme seule règle que sa survie au sommet de la chaîne alimentaire sociétale. C'est un jeu du côté de l'opposition qui se rechigne à soulever le peuple mais c'est une boucherie et un massacre du côté de l'éléphant qui est prêt à tout.
Le Congo, je le crains, risque de sombrer dans la guerre civile quand il n'y aura plus rien à se mettre sous la dent. Et là, même ceux qui soutiennent Denis Sassou Nguesso ne pourront pas rester indifférents. Quand on joue le camp des 8% contre celui des 92%, il arrive un jour qu'on affronte les 100% car les 8% auront compris qu'ils ont été longtemps bernés, manipulés, utilisés comme un bouclier.
Comment susciter une élite qui n'ait pas de connivence avec le régime Sassou&PCT et qui soit prête à défendre le peuple - même au péril de sa vie ? Tu dois avec tes amis amorcer cette réflexion stratégique. Que Dieu te garde.
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU