Au-delà d'un mode de gouvernance démocratique, les problèmes inhérents au bon fonctionnement des sociétés modernes sont constitués par la bonne gestion des affaires publiques et une redistribution globale des ressources qui vise à répondre aux inputs (demandes, besoins) de l'ensemble des membres de la société. Quand nous avons assisté au naufrage de la Grèce, aux problèmes économiques de l'Italie ou de l'Espagne, personne ne se souvenait qu'il s'agissait de pays démocratiques où les citoyens ont le droit de vote et que leur choix dans l'urne est respecté. Cela suffit à convaincre que la démocratie élective - quand bien même elle serait nécessaire - ne suffit pas à sortir un pays d'une crise structurelle voire idéologique quand la compétence et la vertu politiques ne sont pas au bon endroit, au sommet de l'Etat.
Au Congo, nos lecteurs se rendent compte que les problèmes qui secouent le Congo sont légion : absence de démocratie au travers du non-respect des urnes, communautarisme ethnique, incompétence des gangsters politiques juchés au sommet de l'Etat, absence d'une juste redistribution des ressources nationales, force "publique" tribalisée à la solde d'un monarque, bradage des ressources du pays, corruption, endettement injustifié - alors que certains projets peuvent se financer avec les fonds publics, défaut de consistance de la nation et de la république qui ne sont qu'un rassemblement d'ethnies avec une ethnie-Etat dominant les autres ethnies, faiblesse de l'opposition qui pèche par une insuffisance stratégique, ambition individuelle au dessus de l'ambition collective, identité ethnique devançant de très loin l'identité nationale, incohérence du modèle républicain car il n'existe nullement de vrai projet politique à couverture nationale, détention arbitraire et désordonnée des armes de guerre, justice défaillante, presque inexistante, absence de véritables partis politiques, les ethnies jouant le rôle de partis politiques, carence des projets politiques du fait que les "politichiens" se contentent de leur identité ethnique comme projet politique, etc. Voilà le décor planté dans un pays où la jeunesse est dominante, une jeunesse sans avenir à qui la vieille classe politique en activité depuis les années 70 laissera des dettes après avoir détourné tous les deniers publics. En effet, SASSOU A TOUT VOLE ET IL NOUS LAISSE DES DETTES ET LA FAILLITE DE L'ETAT EN PLUS ! LE COMBLE !
Personne ne perçoit l'abysse en dessous de la surface démocratique bien mince qui crie à l'alternance, une alternance que le PCT refuse parce qu'il est conscient que la démocratie congolaise n'est pas une démocratie de projet mais une démocratie communautaire avec l'identité du leader politique comme seul véritable projet politique : oui, être Mbochi, Kongo, Téké est le seul projet politique qui compte dans notre idéologie politique parce que la colonisation a réussi à diviser les ethnies de sorte qu'elles ne parviennent jamais à s'assembler dans une vraie nation. Dans ces conditions, les plus nombreux ethniquement gouverneraient le pays jusqu'à la fin du monde, un peu comme se profile aujourd'hui le modèle sud-africain où le pouvoir reviendra éternellement à un Noir, vu la déficience démographique blanche. Or, cela, les Mbochis minoritaires le refusent. Ce problème est renforcé par l'inexistence de l'unité nationale qui ne peut germer que si les droits de tous deviennent une réalité quotidienne. Or, au Congo, c'est la distribution arbitraire des privilèges par l'ethnie-Etat qui prévaut. C'est de ce chaos qu'il faudra tirer une démocratie. Vous vous rendez compte du challenge ?
Même si demain Pascal Tsaty Mabiala, André Okombi Salissa ou Guy Brice Parfait Kolélas parvenaient respectivement au pouvoir de façon légitime, cela ne résoudrait pas les contradictions dialectiques qui minent le Congo : la logique ethnie-Etat se poursuivra de sorte que les Bakugni, les Laris ou les Tékés s'estimeront l'ethnie au pouvoir, c'est-à-dire, l'ethnie ayant droit aux privilèges arbitraires du pays.
La démocratie ne peut se réduire à une panacée électorale car cela ne suffit pas dans un contexte d'économie de rente, de prévalence de l'identité ethnique sur l'identité nationale minant toute possibilité d'unité nationale comme c'est le cas au Congo.
Avant même de parler démocratie, il faut d'abord construire une nation et une nation doit se construire autour d'une communauté de destin assumée : il faut que les problèmes de chacun deviennent les problèmes de tous (droits) et que les problèmes de tous deviennent les problèmes de chacun (devoirs). Nous en sommes loin. Et nous ne nous battons que sur ce qui brille à la surface du chaos : le pouvoir d'Etat.
L'Occident a ses propres problèmes dont notre chaos politique constitue une solution : divisées, affaiblies, les républiques noires ne sont en fait que des gouvernorats entre les mains des grandes puissances qui se fichent que les nègres se canardent entre eux tant qu'elles viennent se servir allègrement chez eux. Dans un siècle ou deux, l'Afrique n'aura plus aucun intérêt pour l'Europe qui aura épuisé les ressources du continent. Il ne restera aux Africains qu'une seule option : la guerre civile dont vous avez une illustration en Irak, en Syrie et en Lybie avec les bombes des occidentaux en plus. Pour sortir de ce schéma qui se compliquera par une dégradation climatique, il faudra une prise de conscience que la démocratie ne se réduit pas à un simple vote. Il faut que l'intérêt national ait un sens face aux étrangers, que la distribution des ressources concerne tout le monde sans exception mais pour cela, il faut que la compétence et la haute valeur ajoutée morale prennent d'abord le pouvoir. N'oubliez pas que l'on peut être un roi et bien gérer un pays avec une distribution équilibrée et égalitaire des ressources nationales. Un monarque peut être un bon gestionnaire - même si nous préférons l'alternance. En conclusion pour sauver notre pays pratiquement en faillite sans la perfusion de la dette gagée au pétrole, il faut plus que la démocratie : UNE REVOLUTION DANS LA PRISE DE CONSCIENCE COLLECTIVE !
LION DE MAKANDA, MWAN' MINDZUMB', MBUTA MUNTU